Syrie et PMO


L’élargissement des vols de reconnaissance de la France dans ce qui semble désormais faire office de stratégie française, constitue d’abord et avant tout une réponse à l’opinion publique française. Il en est de même des premières frappes des forces aériennes françaises en Syrie, visant avant tout à affirmer une posture présidentielle française face à Vladimir Poutine et Barak Obama à New-York de crainte d’être désormais isolé… Sorte de volonté présidentielle de se hisser sur un strapontin à la table de négociations après quatre années d’errements moralisateurs par le biais de postures et terminologies martiale….
Des négociations ont lieu depuis plusieurs mois puis se sont intensifiés ces dernières semaines entre Américains, Iraniens et Russes sur la suite à donner. Les Russes veulent éviter l’effondrement de l’Etat Syrien et trouver une sortie « honorable » à Bachar. De là, depuis mai 2015 des entretiens bilatéraux entre Russes et Américains, puis élargies aux Iraniens (en bi puis trilatérale).
La personne de Bachar El-Assad est le point de fixation. Les atermoiements sur Bachar sont contre-productifs. La question n’est pas l’avenir de Bachar Al-Assad. Pactisez ou pas n’est pas la question. Personne ne conteste la réalité de Bachar Al-Assad et de son régime. Nous sommes dans un système complexe. La question est de trouver une solution politique. Introduire une dimension personnelle sur Bachar dans notre politique extérieure est (était) une erreur grave, aux conséquences funestes. Pour rappel à certains de nos politiques qui nous expliquent la « faute morale » à vouloir discuter avec Bachar, les propos de Churchill au début de la Seconde Guerre Mondiale, évoquant une alliance avec le diable si Hitler envahissait l’enfer…
En parallèle de ces premières initiatives diplomatiques, Vladimir Poutine a graduellement déployé des forces en Russie, mettant les autres puissances devant le fait accompli et ne reconnaissant son implication qu’à ce stade… Politique du fait accompli qui est la marque de Poutine depuis 2008, et qui après le Caucase du Sud, puis la Crimée, s’imbrique au sein du Proche et Moyen-Orient montrant ainsi la volonté russe de s’impliquer à nouveau dans les questions de cette zone. Certes, d’abord par le constat de la réalité du terrain, renforcé par le fait que les iraniens ont indiqué à la Russie ne plus être en mesure à reprendre le contrôle de certaines positions comme à protéger Bachar (entretien entre des responsables russes et iraniens de la Brigade Al-Qods). Mais, de manière plus profonde, rien de moins qu’un changement majeur dans les relations internationales, équivalent (effet boomerang ?) de son éviction de la scène internationale en 1991… Juste retour du balancier pour les russes… Mais, de fait, une période de transition s’achève, un nouveau monde est en train de naître….
A ce stade, et en Syrie, la Russie ne cherche pas à s’opposer frontalement aux puissances occidentales, mais cherche plus intelligemment à devenir le « leader » de la coalition anti-E.I et le garant d’une solution. Une coalition concentrée sur cet adversaire et non pas Bachar Al-Assad dans laquelle il veut amener les américains à définir avec lui les opérations à venir. C’est l’arrière-plan de sa position et de son discours.
Et cette habile manœuvre diplomatique n’a pas attirée que la Syrie et l’Iran. L’Arabie Saoudite depuis plusieurs mois a des entretiens réguliers avec la Russie tout comme l’Egypte ou encore la Jordanie. Le Premier Ministre Israélien a eu des entretiens avec Vladimir Poutine (dans une volonté de montrer son agacement vis-à-vis de la politique américaine mais aussi une nécessité de « coordonner » techniquement les opérations entre les deux pays puisqu’était présent outre le Premier Ministre, le chef des renseignements militaires ainsi que le Chef d’Etat-major de le Tsahal), suivi peu après par la Turquie. L’Allemagne a eu des entretiens discrets avec les russes sur le sujet, tout comme Kerry… Petit à petit donc, les européens et les américains s’alignent sur la position russe : simple principe de réalité ?
Un principe de réalité que nous n’aurions jamais dû omettre. La stratégie française en Syrie est en échec depuis quatre ans car en décalage profond avec les événements. Elle risque de l’être encore en partie au regard du décalage entre les déclarations stratégiques (nous voulons la destruction de l’E.I) et des moyens (frappes aériennes).
Et, il est tout autant « surprenant » d’entendre nombres de nos responsables politiques constater que nos frappes ont des effets limitées et/ou marginales ; qu’elles ne nous préservent pas du risque d’attentats terroristes contre nos intérêts (sur notre territoire ou à l’extérieur) ; qu’elles ne réduisent pas l’attrait au djihad de nombres de nos jeunes ; qu’elles ne nous procurent pas une place centrale mais une place marginale au sein des négociations diplomatiques ; etc… Serait-ce là une « surprise » pour eux ?
Au-delà, considérant les multiples déclarations de ces mêmes responsables politiques de droite comme de gauche demandant une intervention militaire contre l’E.I (avec des variantes burlesques) ; pour l’essentiel et à une notable exception, ce sont les mêmes politiques qui depuis 1981 n’ont eu de cesse, exécutif par exécutif, de mettre à mal l’armée française. Personne n’assume les conséquences de ces décisions passées et une contradiction majeure : les armées françaises n’ont plus les moyens des ambitions du pays, tandis que nombres de responsables souhaitent leurs assigner un engagement militaire hors de proportion… constat douloureux de personnels politique dégrisés.
Or, devant l’émotion des opinions publiques ; la confusion gagne conduisant nos responsables politiques effarés à vouloir fondre les problèmes en un seul : terrorisme, migrants, E.I ; et à décider de nouvelles phases d’opérations sans aucune perspective de solution pour l’après E.I. faute d’appréhender la complexité de la situation. Mais la virilité de la posture politique l’impose !
Sur le terrain, tout est fragmenté. Les acteurs sont multiples (plus de 2 000 katibas sur le terrain), les alliances diverses, variées et fluctuantes… tous les acteurs y compris régionaux ont des intérêts contradictoires, impliquant des ambiguïtés et des double-jeux politiques. Dans le viseur la Turquie, mais aussi les monarchies du Golfe….
E.I a une stratégie. Vladimir Poutine a une stratégie. La France n’a pas de stratégie. Le Président Français nous indique vouloir lancer une offensive sur Daech (qu’il conviendrait de nommer E.I) afin de « réduire la menace terroriste » (avec l’invocation de l’article 51 de la Charte des Nations unies), est-ce à dire que les frappes aériennes de la coalition depuis un an n’ont produit aucun effet ? Donc, est-ce à dire que notre stratégie initiale était fausse ou incomplète ? Est-ce à dire que nous allons frapper aussi au Yémen contre AQPA (responsable d’attentat contre la France) ? Est-ce à dire que nous aurions dû faire cela auparavant, y compris en 1995 ? Est-ce à dire, enfin et surtout, que nous pensons réellement que ces frappes aériennes vont dissuader et/ou empêcher tout nouvel attentat ?
Les frappes aériennes comme une potentielle offensive terrestre ne constituent pas une réponse globale. Une guerre, comme une offensive (terrestre ou autre) n’est pas une finalité politique. Juste un moyen. En ce sens, le choix de frappes aériennes définit l’objectif : non pas vaincre, juste contenir… ce qui est déjà quelque chose, mais en inadéquation avec les objectifs stratégiques. Un moyen devant permettre la mise en œuvre d’une solution / effet final recherché, soit dans le cadre préétabli, soit dans un nouveau cadre. On fait la guerre pour un devenir !
Voilà pourquoi, en Syrie et en Irak, rien ne se fera (et ne se fait) sans forces au sol… De là aussi, la nécessité impérieuse d’associer des puissances régionales : certes l’Iran que tout le monde cite, ou encore la Turquie, mais aussi l’Egypte.
E.I est une organisation née en Irak, qui s’est exportée en Syrie, puis répandue ailleurs du Maghreb à l’Asie. E.I est un projet politique révolutionnaire international, susceptible d’attirer à lui tout le monde. En ce sens, la problématique politique est autant chez eux (recomposition de la zone du PMO) que chez nous… de ce fait, il s’agit bien là, à l’œuvre, de transtensions mondiales remettant en cause « l’ordre mondial ». Un nouvel ordre va naître. Changement par le chaos et non pas les nouvelles croisades. E.I utilise un mythe et ces membres ne veulent pas être (plus être) les perdants de l’Histoire.
Ce qui se déroule actuellement en Syrie et en Irak, ne concerne pas uniquement ces deux pays, mais bien au-delà : le Proche et Moyen-Orient est en recomposition ; l’ensemble du monde arabo-musulman (appellation très impropre je le concède) est concerné ; l’Etat Islamique mais aussi des groupes comme Al-Nosra, sont dans un projet politique global avec de nombreuses ramifications. Refus de la modernité diront certains. Refus de notre modèle social, politique mais aussi économique (qualifié par eux de « barbare ») surtout bien avant des questions de religions. Question de souveraineté au sens de légitimité, tant individuelle que collective. Sorte de refus du « nous » que nos sociétés proposent au profit d’un « je » individuel devenant très vite un « nous » collectif pour une autre forme de société.
En Irak, en Syrie, en Libye, en Egypte mais aussi dans les zones tribales Afghano-Pakistanaises (un mouvement pro E.I émerge) les Etats traditionnels ont implosé dans une dynamique de recomposition à la fois territoriales (frontalières), sociétales et politiques (dans une logique d’agonie des différents régimes). Demain, d’autres pays seront concernés, en premier lieu l’Arabie Saoudite.
Face à des groupes djihadistes (Yémen, Mali, Nigeria, Afghanistan, Pakistan, Somalie, Libye, …) aux motivations multiples mais regroupés au sein d’un projet politique global, il nous faut nous adapter. Si nous avons su (partiellement) dans le passé faire face à des petits groupes variés, dispersés et géographiquement localisés ; nous devons appréhender la mouvance djihadiste adaptative actuelle de manière différente et elle aussi adaptative.
Sur le plan géopolitique, il nous faut d’abord donner des garanties aux populations diverses de la zone ; revoir avec l’ensemble des partenaires régionaux les problématiques frontalières, et travailler dans le temps long par le biais d’une diplomatie ambitieuse : c’est-à-dire ayant pour tâche de (re)nouer des relations difficiles et ne pas les refuser de prime abord.
Voilà pourquoi sans perspective de solution politique immédiate pour l’après E.I, notre combat militaire ne peut être que d’arrière garde : tenir la position et non pas de grande offensive terrestre. Tenir la position : renseignements toujours, cycle raccourci d’exploitations, frappes ciblées, politique assumée de décimation de l’ennemi (y compris lorsqu’ils sont de nationalité française ce qui risque de faire « tanguer » politiquement certains) et de ses chefs. Tenir la position, mais en étant assuré sur sa « vision politique », solide sur ses positions géopolitiques et morales ; affermit sur ses moyens, clair sur les conséquences de ses choix et actes, puissant sur sa volonté politique…

A se placer sur le plan du quotidien, on est vite périmé…


Sans doute la photo du garçon rendu par les flots est dramatique, et son impact émotionnel bouscule les classes exécutives européennes et françaises…. Et l’émotion devient politique. Depuis des mois la question lancinante des migrants – leur nombre, leurs naufrages dramatiques, les causes de leur départ – étalait aux yeux du monde l’absence de vision politique claire sur les événements en cours. Mais il est brutalement devenu impossible de fuir la réalité, le corps sans vie de ce petit garçon mort après tant d’autres, l’a signifié sans détour.

Politique intérieure avec les tweets et les déclarations d’indignation (PM, NKM, AJ, …dans une surenchère médiatique malsaine) ; politique extérieure avec une stratégie de la compassion ! Comme le dit Pascal Bruckner, la compassion c’est ce qui reste à une Nation quand elle a renoncé à tout le reste !!!!
L’émotion n’est que le paravent à notre faiblesse, notre renoncement, notre lâcheté (dans l’ordre : France / UE / Occident).

Une question : L’Europe est-elle (oui ou non) responsable de la mort de ce garçon ? Plus que les centaines de morts en Méditerranée des années passées ? Si nous sommes responsables et que nous voulons éviter à nouveau ce drame, une solution : un pont aérien et maritime pour aller les chercher et les transporter….. La réponse démontre immédiatement la puérilité du raisonnement.

Les solutions fleurissent en fonction des micros : quotas (ils ne régleront rien, diviseront les européens et constitueront un appel d’air supplémentaire), hot-spots (PM –cela doit sans doute faire « moderne »), campements d’accueil (PR – où ? quels pays ? combien ? ), rétablissement des frontières intérieures (à quoi cela servira ?– cf Hongrie), tris des réfugiés (PR), renforcer Frontex et créer un corps de garde-frontières européens (AJ) ; … La parole publique française est devenue totalement erratique, incompréhensible…. C’est un naufrage complet ! A se placer sur le plan du quotidien, on est vite périmé…

Nos politiques se lamentent sur Bachar El Assad mais oublient Issayas Affeworki (Erythrée) ou Omar Bashir (Soudan – et qui fait pourtant l’objet d’un mandat de la CPI). On veut frapper Daech que l’on devrait nommer impérativement Etat Islamique pour bien nommer l’ennemi (donc le comprendre) mais on se refuse à frapper Al-Nosra….

Il est tentant de faire de la lutte contre Daech ou contre Bachar l’Alpha et l’Omega de toute politique au PMO, mais cela ne résoudra rien ! Avec Daech, nous avons un projet politique (totalitaire, international et moderne). Ce n’est pas une organisation terroriste. Daech est une authentique force politique pratiquant à l’occasion le terrorisme.

Le Proche et Moyen-Orient n’est pas en décomposition. Il est en recomposition (ce qui n’est pas la même chose). Entendre l’exécutif français avoir comme ligne de mire le rétablissement des pouvoirs et des territoires hérités des accords Sykes-Picot (1916) démontre une incompréhension totale des événements. Situation identique en Libye, et dans une moindre mesure au Mali.

Honnêtement, que l’on intervienne ou pas, je ne suis absolument pas certain que cela fasse une grande différence au plan stratégique, tant l’absence de vision est patente.

Faire des missions de reconnaissance et ensuite des frappes aériennes en Syrie pour ne pas subir d’attentat (en filigramme ce que dit le PR dans sa conférence) ? Mais depuis un an, Daech subit des frappes aériennes…. Envisager des frappes aériennes en Syrie contre EI ne changera rien. Comme la loi sur le renseignement ne sert à rien ! Nous sommes dans la gesticulation… non vis-à-vis de nos alliés, mais de notre opinion publique. Il s’agit de montrer que l’on agit, que l’on décide…faute de savoir quoi faire.

Parce que nous n’avons pas de stratégie, pas de vision politique claire, notre exécutif lance des actions improvisées ; habiles manœuvres de communication voulant nous montrer qu’il y a quelqu’un à la barre…. La France a cessé d’être gouvernée. L’Europe est tétanisée.

Une campagne aérienne seule (reconnaissances + frappes) ne pourra détruire Daech. Pour détruire Daech, il faudra la conjonction d’une campagne aérienne (qui rend la concentration des forces adversaires difficile) et une offensive terrestre (qui attaque puissamment les forces adversaires dispersées).
Oui, en théorie, la destruction de Daech par une campagne militaire est possible : elle demandera au minimum 40 000 à 60 000 hommes fortement équipés, des mois de préparation et de mise en place. Les spécialistes militaires parlent d’un coût quotidien de l’ordre de 20 à 40 millions d’euros. Sur le champ de bataille, nous aurons face à nous des troupes entrainées, techniquement et tactiquement habiles, et fortement motivées. Les actions de Daech seront certainement décentralisées, s’organisant en essaim avec une volonté de faire des pertes (nos gouvernements y sont sensibles de crainte des opinions).
Nous devrons donc nous emparer méthodiquement de chaque localité et point d’appui dans un temps long. Aucune armée arabe n’est en capacité de faire cela. Seule, l’armée Française non plus.
La France a aujourd’hui une posture d’arrogance, car nous n’avons plus, ni les moyens financiers, ni militaires de notre posture. En fait, sans les américains, personne ne peut intervenir !

Une fois Daech détruit militairement, il faudra contrôler, sécuriser puis stabiliser le terrain tout en étant en capacité de poursuivre les groupes éventuels (et il y en aura)…. Le temps s’allonge à plusieurs mois, vraisemblablement plusieurs années…. Et pour la phase de stabilisation, les problématiques se démultiplient : les forces auxiliaires (Kurdes, milices chiites, tribus sunnites, …) et les forces « gouvernementales » qui auront aidées à l’offensive terrestre, s’opposeront les unes aux autres et s’opposeront toutes à nos forces.

Il nous faut reprendre l’initiative et renouer avec une véritable politique extérieure. Depuis 1976 (refus de la France de maintenir la protection des minorités d’orient), nous avons abondamment trahis nos engagements, multipliés les erreurs et les incohérences (cf Shah, cf Khomeiny, Cf Saoudiens, cf OLP, Cf Turquie, Cf Algérie, Cf Serbie, Cf les dictateurs arabes de Moubarak à Ben Ali en passant par Saddam Hussein ou Kadhafi sans omettre Hafez puis Bachar El Assad, cf Poutine).
Le Quai d’Orsay ne cesse de définir une politique diplomatique incohérente et la justifie sur la « morale » (laquelle ? la nôtre ? donc automatiquement la meilleure car par définition à portée universelle).
Retrouver alors la confiance (dans le temps long) de nos interlocuteurs vis-à-vis de nos intérêts, de nos ambitions, de nos initiatives.

Quelle stratégie ? note rédigée le 22 août pour un responsable politique


Quelques points importants :

– Le plus dur est devant nous. L’Etat Islamique (E.I) a décentralisé à l’extrême les cellules qui peuvent être désormais individuelles

– D’autres actions comparables sont à redouter. Avec l’attaque du Thalys, nous avons eu de la chance. Statistiquement, en raison du nombre croissant de volontaires prêts à s’en prendre à des cibles sur notre territoire, il est malheureusement fatal qu’un jour, un ou plusieurs tireurs, réussissent leurs missions.

– Ne pas se focaliser sur les détails mais se concentrer sur l’essentiel : nous ne faisons pas la guerre à des terroristes mais à un (des) groupe(s) pratiquant notamment le terrorisme.

– Nous ne devons pas céder à l’émotion ; même si elle est légitime.

– Être stupéfait aux dernières actions commises sur notre territoire, comme sur la violence déployée en Irak et en Syrie par E.I, c’est d’abord être ignorant du monde qui nous entoure et de l’histoire de l’humanité.
Décalage important entre une vision « occidentalo-centrée » (omniprésente dans nos sociétés et nos médias) et la vie réelle de la grande majorité de l’humanité.

– De ce fait, ces responsables tentent d’expliquer par des approximations et explications pathologiques les événements voulant masquer leurs incapacités à penser la violence intrinsèque du monde. De ce fait, nous montrons d’abord et avant tout notre propre faiblesse.

– De même notre exécutif (et nombres de responsables politique de droite, cf Ciotti, Etrosi ou Juppé) semblent incapables de relier entre eux les événements : on se félicite des révolutions arabes, puis on se plaint d’une région en décomposition… sans vouloir comprendre que les violences politiques –dont le djihad ne peut être déconnecté – au sein du PMO durant les 50 dernières années sont le signe d’une recomposition géopolitique.

– On fait la guerre pour obtenir un gain politique. Nos adversaires ont un but politique. Nous nous obstinons pour les vaincre de les ramener à la situation qui, justement, les faits nous combattre.

– E.I est bien une force politique. Il convient donc, non de la nier, mais de la comprendre, de la prendre en compte, puis de la traiter comme un ennemi… en lui faisant la guerre afin de lui imposer notre volonté. Mais ce sera dans un temps long. Pas en six mois.

– Nous sommes face à une organisation politique qui pratique notamment le terrorisme. Face à elle, le minimum c’est de nous battre. De mobiliser. De se mobiliser. Tous.

– A contrario des déclarations de notre exécutif sur la guerre en cours contre E.I, notre mode opératoire consiste en réalité à contenir et certainement pas à défaire l’ennemi. Il est illusoire de penser gagner la guerre avec de seuls moyens aériens. Ce faisant, les limites politiques que nous fixons à notre engagement démontrent la réalité et à la hauteur de nos ambitions…

– L’absence de résultats doit nous conduire à réévaluer notre posture et nous amener à définir précisément nos objectifs stratégiques au-delà de péroraisons verbales…
Certes, nous avons pour nous l’efficacité tactique, mais nous payons l’absence de réelle stratégie, en ce sens que nous n’avons aucune vision, aucun projet politique à proposer autre qu’une guerre sans fin.

– 1er objectif : Sécuriser, identifier, neutraliser les individus dangereux sur notre territoire (et hors territoire).
C’est l’essence des missions de nos services depuis de nombreuses décennies. Le terrorisme (quel que soit l’idéologie derrière lequel il se drape) va durer… constat établit dès les années 80 !
Pour ce faire, une politique claire de renseignements et de neutralisation qui n’a pas besoin de nouvelles lois mais de s’inscrire dans la durée (prendre la mesure du temps long)

– 2nd objectif : prendre la mesure des défis extérieurs auxquels nous sommes exposés.
o Pour la première fois, nous sommes engagés militairement simultanément sur plusieurs théâtres d’opérations envers la même mouvance, complexe et protéiforme.
o Comprendre le phénomène et donner du sens. Alors, vouloir peser sur la suite des événements.
o Remettre à plat notre politique de sécurité / défense / diplomatie et anticiper !
o Avoir une vision et un projet politique pour faire émerger une situation différente de celle que nous cherchons à maintenir (accords Sykes-Picot) qui pousse justement nos adversaires à recomposer la zone. (ce qui implique aussi de revoir nos alliances et la vision future de ces dernières…)