Lignes stratégiques…


Point de situation économique
Au niveau mondial, différents signaux montrent qu’une aggravation de la crise est là. L’Union européenne est en récession, la Chine voit son économie se contracter en parallèle de l’apparition d’une bulle de crédit. Un effondrement total de la monnaie japonaise est à prévoir. Les propos du Ministre de l’économie japonaise, sont à la fois, les confirmations de nos précédentes analyses et l’annonce de ce qui va suivre. Il risque fort d’en être de même aux Etats-Unis. L’économie américaine est sous transfert monétaire massif (injection de liquidités qui soutiennent l’activité). Si ces injections massives de liquidités cessent, l’économie américaine s’effondre ; alors même que la plupart des indicateurs américains sont au rouge.
Plus encore, nous sommes face à une bulle obligataire de plusieurs milliers de milliards de dollars. Les dettes japonaises (230% du PIB) comme els dettes américaines changent de main. Désormais les dettes hypothécaires sont aux mains des banques qui détournent les marchés, y compris en vendant leurs stocks d’or et en faisant chuter ainsi les cours. Mais attention, il y a désormais un découplage entre l’or-papier et l’or-physique… Les marchés financiers sont à des niveaux sans correspondance avec les fondamentaux économiques. L’ayant bien compris la Chine tente d’acheter massivement via Hong-Kong de l’or physique (stratégie de sortie de l’ère dollar ? internationalisation future du Yuan ? précaution de crise de liquidités à venir ?).
La seule certitude est que différents pays tentent de définir un nouveau système mondial plus conforme à leurs vœux, notamment un monde économique hors dollar…

Zone Euro : scénarii possible
1- Approfondissement de la crise
Dépression économique. Absence de croissance. Absence d’investissements. Fuite des capitaux et des cerveaux. Tensions sociales fortes et montée des mouvements politiques contestataires.
2- Eclatement de la zone
Aggravation de la situation économique dans de nombreux pays dont la France. Absence de politique économique et énergétique européenne. Contestation de l’Union européenne qui ne constitue plus un rêve au niveau des peuples européens, et au niveau des aspirations extérieures. Dépréciation stratégique de l’UE face à la Russie, à la Chine, Etats-Unis mais aussi face à de nombreux pays comme l’Inde et le Brésil. Tensions sociales incontrôlables et montée des mouvements politiques européens contestataires avec remise en cause des institutions européennes.
3- Création d’un Union européenne à différentes vitesses et différents cercles.
UE à géométrie variable avec constitution d’un noyau dur européen. Nécessité de définir l’accord politique autour du noyau. France-Allemagne ? Scénario supposant une forte entente Franco-allemande.
4- Saut fédéral
Mutualisation des dettes et transferts importants. Mais accords politiques et abandons de souveraineté importants notamment budgétaires.
5- Dissolution ordonnée de la zone euro.
Mise en place de mécanismes de concertation et flexibilité monétaire face à une zone euro dysfonctionnelle (Irlande 120% PIB de dette ; Portugal supérieur à 100% ; Italie 130% PIB de dettes)

Le sort de la France ; à moins de réformes structurelles importantes ; ne lui appartient plus mais appartient au nord à l’Allemagne (et à son acceptation de poursuivre des transferts massifs), et au sud à l’Italie et à l’Espagne (en espérant que ces deux pays décident de rester dans la zone euro).

Le monde entre en trans-tensions


Le nouveau Président Français, devra faire face à une situation économique mondiale difficile, alors qu’il connaîtra un nombre conséquent d’électeurs qui ne se reconnaitront pas en lui.
Le traité européen ne sera pas renégocié, mais, mesure politique, un protocole additionnel sur la croissance sera ajouté. L’enjeu, pour tous, est bien le devenir de l’Union européenne, impossible à 27… Il en est de même pour l’Euro et sa crise de disparité. L’Euro va rester la monnaie de référence, tout à la fois européenne et désormais pour part, mondiale ; mais quels pays seront en capacité de le conserver comme monnaie nationale ? Il est à prévoir que la Grèce et l’Espagne quittent, au moins temporairement la zone euro… Le fameux Marché Unique n’a fait qu’intensifier la compétition économique entre Etats membres. L’Euro n’a fait qu’accentuer les disparités monétaires entre pays et nations européennes. Le processus de construction européen semble définitivement dépassé. L’Union européenne telle que construite arrive donc à son terme… La naïveté européenne, pathétique, est peut-être, elle aussi, révolue…L’Union européenne n’est pas en panne : elle est désormais en déconstruction…
Au niveau de la France, il n’y aura pas de décision publique agréable et efficace. Ne nous voilons pas la face : les acquis sociaux, chers à notre peuple et à la conscience intellectualisée, ces acquis sociaux seront demain revus à la baisse ! Le pacte social français arrive donc lui aussi à son terme.
Enfin, la crise financière mondiale va contraindre à une renégociation mondiale des dettes (avec une perte de l’ordre de 25 à 30%) conduisant bien évidement à une perte identique pour les préteurs, institutionnels ou privés, personnes morales ou physiques.. Le choc sera rude…
A l’inverse de l’actuel consensus des économistes, il convient donc d’anticiper une nouvelle phase de crise, avec la conjonction de trois phénomènes : crise de la zone euro qui va redémarrer à partir de l’Espagne puis de la France ; contraction des échanges mondiaux entraînant celle des économies des pays émergents, notamment des BRICS ; crise américaine avec à la fois un blocage institutionnel, une crise financière, violence et pauvreté, dégradation de la situation intérieure et remise en cause de la définition même des Etats-Unis, engendrant la recherche d’un homme providentiel (pouvant être un non-politique)…
Nous assisterons alors à une forte décélération de la mondialisation au profit d’une plus grande régionalisation avec aussi la (re)découverte d’un corollaire : la mondialisation a créé des volontés de puissances s’appuyant sur des politiques de protections commerciales fortes, soutenues elles-mêmes par des consciences d’Etats et non pas par la déliquescence d’Etat…
Parallèlement, le nouveau Président Français devra s’engager au niveau européen avec des propositions, non pas superficielles et ostentatoires, mais réalistes et acceptables, notamment par les petits pays européens. De fait, bouleversement pour la France, il faudra que le Président français nouvellement élu, promeuve et défende des idées non hexagonales… La France, devenue le maillon faible de l’Union européenne, risque d’être demain, le point de départ de la fin de l’Union européenne si nous n’entreprenons pas des stratégies audacieuses… Le monde entre en trans-tensions