Nous sommes très loin de la reprise économique.


Les prêts aux entreprises et aux ménages baissent dans tous les pays européens tandis que les revenus disponibles ne cessent de diminuer. Le taux de croissance de la zone euro s’établit à 1,1% en moyenne sur la période 2001-2011 contre 1,9% hors zone euro. Pour rappel, pour la France : 0%, Italie : -0,1%, Portugal : -0,7%, Pays-Bas : -1,4%, Allemagne : 0,8% alors même que 80% de la richesse mondiale provient des exportations, ce qui démontre malheureusement le peu de dynamisme du commerce mondial…
Au niveau des PIB la situation est tout aussi inquiétante : si le PIB allemand a augmenté de 3,3% depuis 2008, il est en baisse dans toute la zone euro, atteignant une baisse de 23,3% en Grèce. L’investissement est lui aussi en baisse
Dans différents pays de la zone euro, les prix baissent ; 2% en moyenne en Grèce sur la dernière année mais dorénavant aussi au Portugal depuis février 2014 et en Espagne depuis mars (- 0,2% sur un mois), augmentant mécaniquement aussi le poids de la dette…
Pour la France, notre inflation est tombée à 0,5% au regard du fameux « panier de la ménagère » (donc avec marge de la distribution) alors qu’ils sont en baisse de 1,3% dans l’industrie (retrouvant en cela les baisses de 2008/2009). Un processus déflationniste semble en train de s’engager dans une partie de la zone euro.
Aux Etats-Unis, les derniers chiffres sont à ce titre particulièrement significatifs (et renforcent notre dernière analyse) : – 2,9% de croissance révisée pour le premier trimestre 2014 avec correction négative pour avril et mai… Pour rappel, il était initialement défini par les autorités américaines a +0,1% et j’avais indiqué combien il était absurde de le prendre au sérieux… Durant la période récente (depuis 2008), le QE mis en place par la FED a conduit à la fois à une hausse du prix des actifs tandis que le taux d’épargne des ménages n’ eu de cesse de baisser depuis 2012…
Les inégalités ne cessent de croitre dans les différentes sociétés (aux Etats-Unis, depuis 2009, 95% de la croissance des revenus est allée au 1% le plus riche). Les revenus du capital étant plus élevé que la croissance, une nouvelle concentration des richesses et du capital se poursuit… Cette croissance des inégalités, si elle n’est pas combattue, impliquera des déflagrations de violence de par l’absence de débouchés de travail ainsi qu’une redéfinition des critères politique. Il convient donc d’élaborer un nouveau système fiscal (remise à plat du système de l’impôt sur le revenu et le capital).

En conséquence :
– Miser sur le retour de la croissance pour lutter contre le chômage paraît donc totalement en décalage avec la réalité économique. Ne pas omettre un fait démographique : en Allemagne le taux d’emploi augmente parce que la démographie diminue (la baisse du taux de chômage en Allemagne provient pour plus de 80% des départs en retraite).

– L’insuffisance de croissance économique ne fait que renforcer les risques géopolitiques (manque d’argent pour « acheter » les problèmes).

transtensions géoéconomiques


En cette fin d’année 2013, prenons le temps de réaliser un tour d’horizon des données et perspectives géoéconomiques des Etats-Unis, du Japon, de l’Union européenne et projetons-nous ensuite sur les attendus de la situation Française….

Aux Etats-Unis, les derniers chiffres du chômage sont officiellement bons : 7%. Mais si nous analysons l’évolution démographique américaine entre novembre 2012 et novembre 2013, ce sont 2,4 millions d’américains qui entrent dans la vie active selon la pyramide des âges et les statistiques migratoires… Or, les chiffres officiels de la part de population active américaine pour la même période sont en baisse de 500 000 américains, soit 2,9 millions d’américains qui, en un an, ont disparu des statistiques de l’emploi….. Si nous les réintégrons, le taux de chômage est alors de 11,5%…. et si nous intégrons les temps partiels nous atteignons les 15,6% !!!!!

Les Etats-Unis font faire défaut. Les conséquences à terme au niveau stratégique sont désormais évidente : non seulement un repli stratégique américain est inéluctable, mais plus encore les Etats-Unis ne respecterons désormais aucun engagement passé…

Au Japon, les derniers chiffres officiels sont mauvais avec notamment un taux de croissance de 0,3%… Or ce taux provient exclusivement de dépenses publiques donc en réalité de dettes supplémentaires…. 250% du PIB japonais de dettes ! Et désormais, il faut 7 euros de dépenses publiques pour produire 1 euro de croissance ! Le déficit commercial se creuse, la déflation se poursuit, ainsi que la dépréciation du yen face à l’euro comme au dollar. Certes, le plan de reconstruction d’infrastructures dans les zones du nord-est soutient le secteur du bâtiment. Tant que le Japon n’aura pas fait défaut, l’économie japonaise ne pourra pas repartir… et ce n’est pas l’annonce d’un nouveau plan d’injection de liquidités de 40 milliards qui modifiera la donne…. le problème n’est pas un manque de liquidités mais un problème de solvabilité….. Il est intéressant de comparer cela avec l’Islande qui vient de rendre solvable une partie des dettes des ménages….

Au niveau européen, quelques données inquiétantes (sans nous attarder sur celles issues des fameuses données PMI… enquêtes plus que données). D’abord au niveau économique, nous notons en moyenne zone euro une baisse de 2,1% des prêts aux entreprises.  Pour l’Espagne, le crédit au secteur privé a baissé de 19,3 % (entreprises) et de 5% (ménages). Pour le Portugal, cette part ménages a baissé de 6% et de 7,7% en Italie…. En France, si le Ministre de l’économie indique toujours que la croissance est de retour, il convient de regarder de près notre situation. L’augmentation de 0,2% de la consommation a compensée la baisse de 0,6% des investissements. Tandis que le commerce extérieur contribuait négativement (-0,7 point), la hausse des stocks a permis d’obtenir 0,5 point de croissance… Ce qui veut dire en réalité qu’à stock égal, le PIB de la France a diminué de 0,6% !

La situation des pays de la zone euro est donc dramatique. Nous achetons du temps depuis maintenant 5 années ;  nous achetons de plus en plus cher un temps de plus en plus court. Pour la zone euro, s’il apparaît nécessaire à beaucoup d’avoir une stratégie coopérative, une question fondamentale perdure : qui paye ?

La Grèce ne paiera pas ses dettes, comme d’autres pays. L’Italie, l’Espagne, le Portugal s’interrogent… Nous allons donc là aussi vers un défaut partiel au minimum, voire davantage, car en zone euro, nous ne pouvons payer en « monnaie de singe » comme actuellement le japon et les Etats-Unis le font…. Une bataille diplomatique et économique vient donc d’être lancée par la Commission (procédure initiée contre l’Allemagne), dont l’objectif est de faire « plier » l’Allemagne.  Soit les pays du sud explosent ou quittent la zone euro, soit nous resolvabilisons ces Etats dont la France par le biais d’impression monétaire ce que refuse l’Allemagne…  les économies de la zone divergent et les forces / dynamiques s’opposent.

De même, tous les pays ne peuvent tenter de bâtir leur croissance sur les exportations en zone euro via une baisse des salaires… D’abord parce que ces politiques (Espagne, Grèce, Portugal, Italie, …) entraînent des politiques déflationnistes…. Nous sommes en zone euro désormais en déflation. Forte pression déflationniste en Europe. Plus encore, cette pression devient structurelle et non plus conjoncturelle. Ensuite car nous n’avons pas intégré l’essentiel de la problématique : la crise n’est que le bruit d’une mutation profonde. Certains d’entre nos responsables estiment toujours que nous sommes face à une simple crise, et donc que la croissance reviendra naturellement très vite, très tôt…. Etrange raisonnement qui dure depuis 5 années. L’état final ne ressemblera en rien en l’état initial. La croissance ne viendra pas.

Le taux de chômage des jeunes en Espagne est officiellement de 57,4% et de 58% en Grèce (pour un taux de chômage global de 27%) ! Laurent Pinsolle sur son blog gaulliste libre (http://www.gaullistelibre.com/ – de nombreuses données de cet article sont issues de son blog) donne des chiffres pour l’année 2012 particulièrement inquiétant : « le nombre de suicides a augmenté de 26%. Médecins du Monde s’alarme du fait que près de 30% de la population vit désormais sans couverture sociale, avec une baisse des vaccinations et une augmentation de 21% des embryons morts nés. On peut également rappeler que le PIB a baissé de 25%, le pouvoir d’achat de la population de 40%, que le taux de chômage dépasse 25% et même 50% pour les jeunes, que le SMIC a été baissé de 22%, et même 32% pour les jeunes et enfin qu’1% de la population a quitté le pays en 2011 ! »…

De ce simple fait, soyons clairs : au sud du continent, non seulement la Grèce mais plus encore l’Espagne comme l’Italie peuvent désormais quitter la zone euro ! Au nord, l’Allemagne est en position de le faire. Car les deux politiques divergent : une politique monétaire adaptée aux pays du sud est destructrice de valeur pour l’Allemagne tandis qu’une politique monétaire adaptée à l’Allemagne est destructrice pour l’économie des pays du Sud… Bref, la politique monétaire commune n’est pas adaptée à l’ensemble de la zone euro ! De même, ne rêvons pas, les conditions macroéconomiques d’une union monétaire entre l’Allemagne et la zone euro ne sont pas réunies, et ce, malgré toutes les belles déclarations suite à l’accord sur l’union bancaire !

Il est intéressant de noter que différentes analystes économiques envisagent désormais le fait que l’Allemagne puisse raisonnablement quitter l’euro  même si les Allemands ne veulent pas en prendre l’initiative (notamment dernière étude de Patrick Artus de Natixis). Pour ce dernier, l’Allemagne devrait sortir de l’euro au regard de l’asymétrie des cycles entre l’Allemagne et le reste de la zone euro, l’affaiblissement des liens économiques entre l’Allemagne et les pays de la zone euro…  la crise de la zone euro a poussé l’Allemagne à développer son commerce extérieur hors zone euro. Ce qui implique aussi que pour conserver l’euro, il nous faut accepter la concentration croissante de l’industrie et des services en Allemagne avec les flux migratoires associés !!!! Ce qui est inacceptable. Comme est inconcevable le fait que tous les pays se lancent dans une politique économique basée sur l’exportation massive alors même que tous les pays voient leurs économies se contracter et leur demande intérieure se réduire !

Face à ces données inquiétantes, comment réagissent les marchés et les places boursières ? De manière totalement déconnectées de la réalité… Les commentateurs ne parlent que des marchés financiers… pas de l’économie… Logique, car les QE ne servent pas à l’économie mais aux seuls marchés financiers… Les niveaux de valorisation ne correspondent pas à la réalité. Une déroute boursière est à prévoir et pas seulement sur le marché action mais plus certainement (et plus inquiétant) sur le marché obligataire…. A titre illustratif, la BNP a des encours à hauteur de 48 000 milliards d’euros…. Quels fonds propres en face ? Autre exemple  que celui de la volonté de différentes aires géographiques de définir des monnaies communes : Koweït, Qatar, Bahreïn, Arabie Saoudite d’une part, mais aussi Kenya, Ouganda, Tanzanie, Rwanda et Burundi en Afrique… Autre exemple encore les transferts massifs d’or vers l’Asie via Hong-Kong… Autre exemple toujours, l’engouement pour les Bitcoins, qui démontre avant tout la suspicion envers les monnaies traditionnelles et la crainte d’un effondrement monétaire.

Il en est bien davantage au niveau de l’effondrement social….

Deux enquêtes (publiées semaine dernière) montrent que la situation économique et sociale se dégrade au nord de l’UE, y compris hors zone euro, et non plus uniquement dans les pays du sud de l’UE…. Ainsi l’enquête des médecins britanniques notant une nette augmentation des personnes hospitalisées pour malnutrition…. Au-delà, c’est bien sur le recensement des personnes bénéficiant de l’aide alimentaire (18% de la population américaine pour avoir un point de comparaison). En Grande-Bretagne, en quatre ans (2008 – 2012) nous sommes passés de 26 000 personnes bénéficiant de cette aide à 347 000 !  De plus en plus d’enfants sont concernés. En Grèce, aucun chiffre national n’est disponible, seuls des chiffres régionaux existent indiquant que dans certaines régions le taux d’insécurité alimentaire atteint les 60% ! En Espagne, 22% de la population vit officiellement sous le seuil de pauvreté et l’aide alimentaire concerne désormais directement 2,5 millions de personnes (sur une population totale de 47 millions) contre seulement 0,5 en 2008 ! Plus encore, le choc a été rude de découvrir pour les espagnols qu’il était désormais nécessaire d’ouvrir les cantines scolaires pendant les vacances afin d’offrir un repas complet par jour à des milliers d’enfants ! En Italie, avant 2012 aucune aide alimentaire n’était distribuée par la Croix Rouge. En 2012, ils sont 378 000 personnes ! En France, plus de 9 millions de personnes vivent au-dessous du seuil de pauvreté et 4 millions vivent d’aide alimentaire soit 16,5% de la population !

La situation économique et sociale s’aggrave donc et les décisions devant être prises seront avant tout politiques. En Italie, comme au Portugal, on s’interroge politiquement sur la dette publique et sur la nécessité de rester dans l’euro. Aux Pays-Bas, en France, en Grèce, les élections de 2014 verront de nombreux députés euro-critiques élus…  La Grande-Bretagne a remis en 2017 un vote sur la question européenne. En Allemagne, la coalition gouvernementale avec le SPD refuse à la fois davantage de solidarité envers les autres Etats et les euro-obligations. Plus encore dans le texte de l’accord de gouvernement entre les deux formations politique, est proposé qu’à l’avenir les plans d’aide aux autres Etats s’accompagnent obligatoirement d’une participation des pays aidés, bref d’une mise en application du précédent / modèle chypriote, à savoir la saisie de l’épargne…

Nous assistons donc partout à la montée de responsables politiques que nous nommons avec erreur populistes (Renzi et Berlusconi, Beppe Grillo, Marine Le Pen, etc…) mais aussi bien plus loin que la zone euro (Aam Admi Party en Inde, le parti du citoyen ordinaire)…. Avec erreur car les populistes, ce sont les peuples qui se sentent dominés, exclus, démunis, trahis, perdus, angoissés et en insécurité sociale, culturelle, physique, alimentaire, éducative et professionnelle y compris vis-à-vis de leur propres avenirs… bref, les populistes se sont ceux qui souffrent le martyr aujourd’hui confrontés qu’ils sont à la réalité…. en aucun cas, il ne convient de les stigmatiser car la dimension sociale est plus clivante que la dimension politique.

Le social c’est l’abandon des chiffres et le retour de l’humain, c’est la dignité de la personne vivant de son travail, fière de ce dernier comme de l’éducation qu’elle peut octroyer à ces enfants ; le social c’est la fatigue d’une journée de travail qui se termine dans la dignité d’un chez soi décent ; le social c’est la sécurité des personnes qu’elle soit culturelle, alimentaire, énergétique, professionnelle (nous devons sécuriser les personnes, pas les emplois), physique ou éducative ; le social c’est de vrais moyens de transports permettant de relier les centre urbains aux populations périurbaines….

Le FN devient un parti de laissés pour compte et donc devient de plus en plus porteur d’un simple message social dans une déliquescence du pouvoir politique ! De là, aussi l’aspiration dans l’opinion publique au renouvellement complet du personnel politique. En France, nous mesurons chaque jour le rejet de notre exécutif. Or, zéro désir de droite dans ce rejet de notre exécutif, mais bien une volonté sociale (les fractures françaises) de modifier le système…. Face à une formidable défiance envers la classe politique dans son ensemble et les « élites ».  Comment le peuple pourrait-il ne pas manifester ce dégoût de la politique et de la classe politique dans son ensemble lorsqu’il constate les rentes de situation de ce personnel politique qui ne vise qu’à se recaser par simple cooptation (Harlem Désir pour la troisième fois tête de liste aux élections européennes …. MAM et Morano pour l’UMP, ….). La parole politique souffre donc d’un discrédit absolu…. Les Français, comme d’autres peuples dans le monde non seulement ne croient plus en l’autorité politique mais ils commencent à ne plus écouter personne… Et dans les difficultés, de plus en plus, les batailles se livrent hors du champ politique mais se multiplient et se développent dans le champ social (sur le terrain sociétal).

Que comprendre au final ? Tous les grands avantages acquis, y compris sociaux, ont été pensés et réalisés durant des périodes durables de croissances fortes. Nous ne sommes plus dans ce cadre. Les possibilités ne sont plus les mêmes sachant que dans un horizon court et moyen terme, nous n’aurons plus de forte croissance. Alors quelle alternative ? Celle d’un retour aux fondamentaux et d’un discours social fort mais réaliste appelant aux sueurs et aux larmes car il n’existe pas de solution miracle et de court terme…juste un chemin pavé d’obstacles que nous devons surmonter ensemble (la Nation) car nous nous en sortirons ensemble ou pas du tout ! La France est une nouvelle fois face à son destin, celui d’abord de sa propre volonté !

Un moment de vérité


Tous les moteurs économiques s’éteignent les uns après les autres…le ralentissement économique est majeur : -21% en Europe, -14% en Chine; enfin -2,4% aux Etats-Unis…
Dans ce dernier pays, avec un taux de chômage de 7,8% de la population active cela semble aller mieux. En réalité, les chiffres de l’économie américaine sont faussés. Cet été, ce sont près de 600 000 personnes qui ont disparu des statistiques démographiques… et en septembre plus de 800 000… Si nous réintégrons ces personnes dans les statistiques, le taux de chômage monte à près de 15%… Si on y ajoute le temps partiel, on atteint les 20% … De même, il est paradoxal d’entendre les commentateurs nous indiquer une forte hausse de la construction immobilière, mais de constater à l’analyse des statistiques démographiques des personnes travaillant dans le domaine de la dite construction immobilière, qu’il y a stagnation… étrange incohérence… La croissance américaine est faible face à une nécessité (en principe) de réduire les dettes, et la volonté des ménages américains de se désendetter engendrant une forte compression de la demande. D’où une politique de forte création monétaire devant permettre une dépréciation monétaire… Les Etats-Unis fixent donc des priorités claires afin de faire face à ce ralentissement, et pour certains analystes, ce qu’ils nomment le déclin américain… Efforts importants pour améliorer la compétitivité économique, y compris par la baisse des coûts salariaux (les emplois créés sont rémunérés à la baisse, la pauvreté explose et la pauvreté se répand…1 enfant sur 5 est en situation de misère) ; recherche d’énergie à bas coûts ; la FED émet de la dette, la tire dans le temps afin au minimum de la déprécier, puis potentiellement pourrait viser le non remboursement par répudiation si la conjoncture géopolitique internationale lui permet… ; politique de plus en plus protectionniste et isolationniste (« arrêtons de sauver le monde »)…Cependant, d’ici 5 ans les Etats-Unis vont bénéficier dans l’industrie (lourde particulièrement) et dans la chimie d’un fort avantage comparatif par le biais des gaz de schistes…
En Chine, là encore la croissance est actuellement en réalité beaucoup plus faible qu’annoncée officiellement. Tous les indicateurs de croissance (production électrique, consommation d’énergie, transports de marchandises, …) démontrent que les chiffres de croissance du PIB sont faussés. Si la stagnation, voire la récession de différentes économies a une implication directe et indirecte sur l’économie chinoise, la Chine est surtout aujourd’hui confrontée à des problèmes structurels. Le modèle de croissance chinois (exportations massives de produits peu sophistiqués) est remis en cause ; la hausse des coûts salariaux en Chine depuis plusieurs années contraint cette dernière à délocaliser les sites de production, particulièrement en Afrique. Plus encore, la hausse des coûts salariaux a dégradé la compétitivité des entreprises chinoises et étrangères ; d’autant plus que les Chinois privilégient l’épargne et non la consommation de biens. En conséquence, le ralentissement puis la faiblesse de la croissance chinoise risque d’être durable. De ce fait aussi, le ralentissement attendu d’autres économies fortement liées (Australie, Japon, Brics, …), la baisse des prix des matières premières et la hausse des valeurs refuge… La conjonction de la hausse des coûts salariaux et de la perte de profitabilité des grandes entreprises va conduire à une diminution nette de l’emploi ainsi qu’au départ d’entreprises étrangères… et engendre trois interrogations majeures : d’où vont venir les futurs emplois chinois ? Quel modèle de croissance économique ? Quelles conséquences sociales et politiques ? En conclusion, les luttes politiques et les problématiques structurelles (taux d’épargne, typologie de la production manufacturière, absence de protection sociale, bulle immobilière, vieillissement démographique, écarts régionaux, hausse des salaires, revendications sociales, …) sont telles que la Chine va connaître de manière durable un affaiblissement de sa croissance économique, voire une récession ; engendrant une reconfiguration stratégique risquée…
Plus généralement en Asie, tandis que l’économie est moribonde au Japon (qui fera défaut), si quelques pays voient leur croissance continuer de croître (Thaïlande, Malaisie, Indonésie) du fait d’une forte demande intérieure, l’ensemble des pays de la zone connaissent une forte baisse de leur activité économique allant pour certains, déjà, jusqu’à une croissance négative (Taiwan)…
Au Proche et Moyen-Orient, crise financière, segmentation politique, mouvements sociaux mais plus encore situation géopolitique explosives… De nombreux pays ne possèdent plus de marges de manœuvres budgétaires. Les recettes fiscales diminuent notamment du fait des suites du Printemps arabe, des évolutions géopolitiques au levant et une dépendance trop importante au cours du pétrole (l’Iran a besoin d’un cours supérieur à 150 dollars / barils pour équilibrer son budget).
En Amérique Latine, après une période plutôt favorable en 2012 et début 2011, les différents pays connaissent en 2012 un fort ralentissement sans avoir engagé les réformes structurelles nécessaires. De ce fait, la croissance de la zone Amérique Latine sera faible.
Le ralentissement de la croissance mondiale est à la fois désormais général ; aucune zone économique n’y échappe ; et structurel : tous les modèles économiques et sociaux sont à réinventer, du modèle chinois au modèle américain, sans omettre celui de l’UE, ainsi que le fameux modèle social français.
Pour l’Union Européenne et en particulier pour l’ensemble de la zone euro, il y aura une forte récession en 2013…L’Espagne, l’Italie, mais aussi la Grèce, la France sont touchés. La France joue son avenir. Le chômage va croître de l’ordre de 50 000 personnes/mois soit d’ici décembre 2013 près de 700 000 chômeurs de plus. Nouvelle génération que celle dite boomerang, qui doit retourner vivre chez ses parents du fait de la situation économique, que ce soit en Espagne, Italie, Grèce, Portugal, mais aussi France et Etats-Unis… La crise n’est pas finie. Malheureusement, de nombreuses années difficiles sont devant nous… Nous allons assister à un approfondissement de la crise. Nous allons vers une récession grave car nous n’aurons pas de croissance. La croissance française ne sera pas de 0,8% en 2013. Vraisemblablement, nous pouvons estimer une croissance française de l’ordre de – 1% à -1,5%…. Nous allons donc assister à la poursuite des délocalisations des outils de production et désormais sièges sociaux ; à l’acquisition par des intérêts non européens d’entreprises européennes ; à une intensification de la fuite des capitaux et des cerveaux ; et donc à un affaiblissement encore plus conséquent du poids de l’UE et de la France dans le monde.
Comme nous l’indiquions dans un précédent billet, l’euro n’est pas sauvé. Il y a une incompréhension majeure de ce qui se déroule actuellement : l’ajustement économique de la zone euro se fait par appauvrissement alors qu’il y a absence de fédéralisme. La zone euro va vers la dissolution. La Grèce ne pourra pas rembourser. Le défaut approche, et l’effet boule de neige, conduisant à une course à la restructuration des dettes, voir à leurs répudiations… La dernière fois que la France a fait défaut, ce fut en 1787… entraînant impôts (sur la bourgeoisie), convocation d’Etats généraux (pour faire approuver ces impôts), puis…révolution…
De fait, nous assistons à l’échelle occidentale à un déclassement du monde salarial, phénomène qui va s’accélérant et dont la désindustrialisation est un symbole bien avant d’en être la cause. Deux niveaux de consommation apparaissent désormais : le low cost et le high level car la middle class n’existe plus, éradiquée par les politiques. Est-ce la fin de la consommation de masse ? En simultané, se produit un gigantesque transfert de richesses à l’échelle mondiale… Les fondamentaux économiques ne sont plus respectés. Le monde est sous perfusion, le liquide coule mais les prochaines poches sont vides même avec un QE3 illimité.
Ces situations économiques vont déclencher de forts mouvements sociaux, explosions sociales, émeutes, puis troubles politiques et en répercussions des transformations géopolitiques, car en parallèle un déclassement stratégique s’opère…Les Etats-Unis connaissent désormais le doute et la peur du déclin. L’apparition d’un important vote populiste (Tea Party) étant la conséquence d’une désindustrialisation dont les classes moyennes sont les premières victimes. Le sentiment de déclin, plus exactement de perte de terrain face à la Chine que d’aucuns décrivent devant les Etats-Unis dès 2017 nourrit une vision pessimiste… La puissance américaine ; comme celles des vieux pays du continent européen, est remise en cause tant au travers des symboles que dans la réalité géostratégique. Pour les Etats-Unis, se sont de véritables tests qui se déroulent actuellement à l’échelle planétaire (Proche et Moyen-Orient, Asie, …). Lorsque ces tests se clôtureront, ce sont non seulement les alliances mais aussi le cadre de régulation internationale qui sera remis en question. Brutalement. Le monde se prépare à des affrontements stratégiques, ce que réfute les pays du vieux monde, mais ce qu’attestent les ventes d’armes…

Emploi : deux visions du monde….


Sur le chômage, les politiques pouvant le faire réellement baisser, c’est-à-dire réellement efficaces; ne peuvent être que des politiques à long terme : soutien de la recherche, soutien de l’éducation, valorisation des PME innovantes exportatrices (notamment en évitant leurs absorptions par les grands groupes), accroissement de la productivité par le biais de mesures structurelles… bref des politiques au mieux à 5 ans, plus sérieusement à 10 ans !
A court terme, la demande en biens et services va se contracter du fait de la baisse des revenus, par la hausse pour les ménages du coût de l’énergie, et plus encore par la très mauvaise situation économique des partenaires commerciaux de la France… Plus encore du manque d’investissement des entreprises françaises, du trop faible niveau de gamme de la production, des contraintes fiscales, des coûts salariaux, de la restriction du crédit bancaire pour l’investissement… entraînant un net recul de la profitabilité des entreprises engendrant une désindustrialisation et donc une dégradation des parts de marché de la France dans le commerce mondial… Le potentiel de croissance de l’économie française devrait donc être de l’ordre de 1%… Dès lors, la poursuite de la montée du chômage constitue la perspective la plus probable.
Deux seules solutions à court terme : réforme fiscale visant à réduire le coût du travail (donc aussi baisse des cotisations sociales pour les entreprises) ; baisse du coût de travail horaire (avec potentiellement un allongement des heures travaillées). Peu de chance que ces réformes soient effectuées…
Politiquement, nous assistons à deux visions du monde différentes : une vision dynamique et une vision idéologique-mécanique dans laquelle il faut tout à la fois faire « payer les riches » et développer des emplois, c’est-à-dire sans connexion entre l’idéologie et la réalité…