Qui va se substituer à moi pour assurer les risques ?


En France, les marges des entreprises ont peu de chance de s’améliorer, tandis que les investissements sont en panne faute à la pression fiscale, tandis que pour la grande majorité des citoyens la priorité n’est plus d’épargner ou d’investir mais d’échapper à l’impôt ! En parallèle les retraites des systèmes privés (AGIRC ARRCO sont discrètement pillées afin de renflouer les systèmes de retraite publics (IRCANTEC) permettant de sauvegarder les régimes spéciaux).

Nous n’avons plus d’argent donc nous le dépensons sans compter… Notre système économique fonctionne désormais sur la dette.

Le déficit continue de se creuser alors même que notre pays a subi un choc fiscal sans précédent (69 milliards d’euros de prélèvements supplémentaires depuis 2011). L’objectif du déficit budgétaire de 3.6% du PIB en 2014 et de 3% en 2015 ne sera pas tenu. A comparer avec la promesse de FH (comme de NS) d’atteindre celui des 3% dès 2013 ! Nous sommes non seulement hors-jeu mais aussi discrédités…

La France est désormais un partenaire « junior » pour l’Allemagne. Le triangle dominant est UK-ALL-IT chacun défendant ses intérêts. UK fait du chantage sur sa sortie. ALL domine économiquement. Renzi est le socialiste européen qui réussit (pour le moment). La France a le levier de l’international mais ne l’utilise pas ! Sauf peut-être pour faire diversion par rapport à la scène intérieure : intervention à venir en Irak pour « effacer » les affaires Thevenoud, le succès littéraire de la rentrée et le retour de NS. Nous ne faisons plus partie du triangle dominant. Or, les autres pays européens s’agrègent auprès des dominants (Pologne-Allemagne, Tusk-Merkel notamment).

 

En Europe, la production industrielle a progressé de 2.2% en juillet mais uniquement grâce à l’Allemagne (2.4%)… il est amère de constater que l’Euro est devenue un outil déflationniste : hier, l’ajustement se faisait par la valeur de la monnaie (déflation), aujourd’hui, l’ajustement se fait par les salaires ; la baisse des salaires renforce la compétitivité… Certes, c’est la politique qui fut conduite par l’Allemagne.

L’ensemble des politiques économiques mises en place dans les pays européens et visant à renforcer la compétitivité par ajustements salariaux a alors conduit à rompre un cycle potentiel de croissance et a abouti à une impasse économique et budgétaire prévisible (je n’ai de cesse de le dire depuis trois ans) et à amplifier la déflation.

La crise provient de surendettement et de sur liquidités. Les réponses actuelles sont mauvaises car reposants sur une mauvaise allocation de l’épargne.

La déflation est notre horizon. L’inflation est passée en zone euro de 1.3 à 0.3% en un an. Dans différents pays (du Sud), les prix baissent de manière importante (Grèce et Espagne notamment). Or, la déflation induit mécaniquement une spirale dangereuse : baisse de l’activité (notamment par report des dépenses), baisse de la croissance (déjà nulle), augmentation de la dette et du coût de la dette (Grèce : recul du PIB de 20% et hausse de 25% du poids de la dette). Pour le bien de l’Europe, il faut que l’Allemagne aille moins bien !

 

En Allemagne, les données sont impressionnantes : faible chômage, profitabilité des entreprises, diminution du déficit public, augmentation des exportations et donc de l’excédent extérieur, augmentation des revenus par tête et stabilisation des inégalités (qui ne sont pas plus importantes du reste de la zone euro). A terme le vieillissement démographique allemand va modifier ce constat et notamment sur deux points immédiats : le taux d’épargne des ménages et le potentiel de croissance (faible : 0.4%).

Plus encore, la faiblesse de l’Allemagne dans les nouvelles technologies du fait des investissements importants dans le niveau de gamme de sa production dégraderont son commerce extérieur et entraineront des pertes de parts de marché vis-à-vis de nouveaux concurrents émergents. Mais il s’agit d’un modèle économique non duplicable car reposant sur un fort excédent commercial alors même qu’il est structurellement impossible à tous les pays européens d’être simultanément dans la même position. L’Allemagne est un passager clandestin pour le reste des pays européens. Ses solutions ne sont pas transposables.

 

Au Portugal, l’Etat est en faillite mais personne ne veut le reconnaitre, lui permettant de s’endetter à nouveau pour renflouer une banque. Or, les banques européennes étaient définies par l’ensemble des politiques européens comme saines et le système monétaire européen comme sain et sauf… Notre modèle européen dérive : les contribuables deviennent les seuls responsables de tous…

 

Il est sidérant de voir des responsables politiques dénoncer les risques de déflation tout en menant des politiques économiques déflationnistes. Pire, ces mêmes responsables réclament aujourd’hui des mesures d’assouplissement monétaire de la part de la BCE ; une drogue apaisante ; sans mesurer (ou vouloir mesurer) les conséquences de ces mesures ni même les travers du système monétaire mis en place. Mario Draghi est parfait dans son rôle mais n’a pas les moyens de transmettre des impacts dans l’économie réelle.

Les politiques d’assouplissement monétaire (en réalité, des politiques d’impression monétaire) ont partout échoués. Même la FED le reconnaît dans son rapport publié début septembre.

 

Au Japon, les revenus continuent de diminuer (c’est une constante économique japonaise depuis plus d’une décennie).

Le cas japonais est exemplaire à plusieurs titres car il est aussi structurel tandis qu’en face les responsables politiques ne cessent de pratiquer la même politique économique (nous en sommes à la 9ème politique d’impression monétaire) avec un leitmotiv : « cela ne marche pas mais cela finira par marcher » !

La Banque centrale japonaise ne peut plus désormais financer le déficit japonais car l’épargne japonaise est devenue insuffisante tandis que les investisseurs étrangers refusent de prêter au Japon (endettement à hauteur de 240 % de PIB). Donc, pour faire face, le Japon imprime des billets. Et certains en France et en Europe nous parlent de « modèle japonais » en nous exhortant à suivre sa politique.

Comprenons bien, la politique monétaire japonaise n’est pas une politique choisie mais une politique subie. A défaut le Japon sera en faillite car ne pouvant financer son déficit public. Le Japon est entré dans un cycle d’effondrement de la devise et d’hyperinflation violente avec pour conséquence à terme la cessation de paiement. Or, le Japon est la 3ème économie mondiale. Les conséquences économiques seront majeures.

 

Aux Etats-Unis, pas de croissance des revenus mais une reprise du crédit. De là, l’actuel reprise de croissance économique (1 à 1.8%), mais avec un nouveau problème de « qualité » du crédit, d’autant plus qu’un crédit est une dette soit pour investir soit pour consommer…. La bulle des crédits étudiants (student loans) risque d’éclater du fait de leur fort caractère subprime ; les actifs des entreprises sont nettement surévaluer (multiple supérieur à celui de 2007 et identique à celui d’octobre 1929 !) ; l’effet richesse ne cesse d’augmenter (l’enrichissement des ménages les plus riches impactes positivement la croissance, mais toute correction boursière entrainerait mécaniquement une récession).

La balance des exportations hors commerce extérieur se creuse. Certes les stocks ont baissé et réalisent à eux seuls pour près de 1.5% de croissance. Le déficit budgétaire américain ne se résorbe pas : de septembre 2013 à septembre 2014, 1 000 milliards de dettes supplémentaires aux Etats-Unis.

Plus encore, avec une croissance de 1.8% pour 2014, cela équivaut à 900 milliards de dollars de croissance de PIB pour une injection de 5 000 milliards de dollars dans leur économie. Ce qui signifie que pour 5 dollars de dettes, il y a 1 dollar de PIB !

Pire, là aussi les inégalités se creusent comme l’a démontré Thomas Piketty puis la FED. Si la crise financière avait permis une légère contraction des inégalités, ces dernières ont augmentés depuis 2010 : la part des richesses détenues par les 3% des américains est passée de 51.8% à 54.4% entre 2007 et 2013 (+2.6), tandis que celle de 90% des américains est passée de 33.2% en 1989 à 24.7% en 2013 (- 8.5) !

La macro économie n’est que l’agrégation des comportements économiques micro, c’est-à-dire individuel… On voit partout les revenus baissés et un chômage de masse atteignant des proportions hallucinantes et certains espèrent une croissance forte…. Tandis que certains interprètent les paroles de Yelen ou de Draghi, ou la parité euro-dollar, comme hier on interprétait les astres…. Certes, les économistes ont été inventés pour que les astrologues aient l’air sérieux, mais restons sérieux et constatons surtout le manque de conviction de tous les acteurs économiques et la recherche effrénée de justifications.

En réalité, depuis les années 80 en France et au Japon ; les années 90 aux Etats-Unis et en Europe, les années 2000 en Chine ; le dynamisme économique s’est fortement érodé. Refusant ce constat pour des raisons diverses (et radicalement différentes selon les zones), les responsables politiques ont décidé de stimuler l’économie de manière artificielle (politique de taux d’intérêt bas et politique d’assouplissement monétaire).

Du refus de ce constat, nombres d’erreurs ont été réalisées et notamment celle de la croyance en un redémarrage économique facile. Nous naviguons à vue…. Personne ne veut prendre la mesure du phénomène en cours depuis plus de 20 ans dans le monde….

Mais plus encore que le refus du constat, personne n’a voulu affronter la double origine de cet affaiblissement : le privilège commercial accordé en 2000 à la Chine par son entrée dans l’OMC et le vieillissement démographique de nos populations. Une population vieillissante réclame une monnaie forte afin de lutter contre l’inflation (l’inflation diminue les rentes). Lorsqu’une population vieillit démographiquement, elle devient rentière (par diminution du nombre de « producteurs ») et préfère détruire sa compétitivité (y compris à l’export) au profit du maintien de sa rente. De ce fait, il est sidérant de voir le gouvernement français s’attaquer à la seule politique française efficace que constitue notre politique familiale !!

Ce que nous observons actuellement dans le monde entier (stagnation-baisse des salaires, montée des inégalités, augmentation du capital) traduit un dysfonctionnement du système politique qui ne parvient plus à rendre les « marchés » concurrentiels encourageant les dysfonctionnements.

 

Qui va se substituer à moi pour assurer les risques ?

 

Who’s next ?


A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles disent certains sans se rendre compte à la fois de l’aberration de la situation, l’aberration des décisions souhaitées, l’aberration de leurs propres propos… Certes, la mesure est plus efficace que l’impôt, surtout si ces derniers ne rentrent pas, ne rentrent plus. Mais de quoi parlons-nous en réalité ? De la confiscation d’un bien de propriété par des responsables politiques, non-élus, qui à l’évidence possèdent une vision très floue de la réalité en n’hésitant pas à faire de la prédation… Nous sommes bien dans une crise politique avant d’être dans une crise économique ou financière….
Taxer les dépôts bancaires, revenir sur les garanties par le biais d’une destruction planifiée du principe de confiance constitue pour différentes personnes la meilleure solution ; oubliant qu’il ne peut y avoir de petit dans l’application des principes… Trop fort avec les faibles, trop faibles avec les forts, l’union européenne rompt avec l’état de droit (à contrario des propos de Jacques Attali)… et avec la démocratie. Ce que nous nommons dictature aujourd’hui, certains désirent le nommer demain pudiquement bonne gouvernance ! Le déni démocratique est redoutable…
Chypre, exemple et modèle des solutions à venir ? Désormais à genoux, entrant en récession, Chypre repousse jour après jour la réouverture des guichets bancaires par crainte de l’irrémédiable suite à venir : la panique financière…
Chypre a intégré la zone euro en 2008, donc point aujourd’hui de découverte…. Certes, la Russie mais aussi l’oligarchie chinoise utilisent les banques chypriotes pour faire des allers retours, c’est-à-dire du blanchiment…. Mais les pertes de Chypre viennent en partie du financement des dettes grecques. Chypre peut être vue comme un système réduit, local, du système financier mondial. Prendre des libertés avec les principes mais aussi la réalité parce que le système est analysé comme petit, local, réduit constitue une erreur grave et revient à ne pas comprendre la contamination de l’ensemble du système.
De fait, l’Union européenne n’a pas été un facteur d’apaisement, mais facteur aggravant de la crise. L’Union européenne a aggravé la situation en faisant une erreur majeure que celle de menacer les dépôts. Il est fascinant de constater avec quelle facilité les politiques font n’importe quoi… Les responsables politiques ouvrent actuellement des possibilités sans en mesurer les conséquences…La zone euro sans Chypre sera la démonstration que la boîte de Pandore est ouverte (ou l’a été)… terra ignognita…. La contagion chypriote à la Grèce, voir à d’autres pays européens dont la France est fort possible.
Le doute sur l’Euro change aussi de nature. De fait, nous passons en quelque sorte d’un doute de solvabilité à un doute de crédibilité de dépôt. Nous sommes dans le champ des perceptions. Il faut donc certes (re) gouverner Chypre, mais tout autant revoir la gouvernance de différentes prises de décisions tant au FMI qu’au niveau de Bruxelles, et des pays membres.
Une détestation de l’Allemagne pointe son nez sur le continent européen. Les images circulant en Espagne, au Portugal, en Grèce, à Chypre sont de ce point de vue inquiétant. Détestation et isolement politique. Il faut que la France « raccroche les wagons » avec l’Allemagne sous peine de voir voler en éclat l’Union… Le niveau de la colère est assourdissant mais personne ne l’entend… demain, les plus en colères iront voter associant vote de protestation, vote d’adhésion et vote d’abstention qui feront exploser le système…. Crainte de tous envers tous… sorte de rupture du contrat hobbesien.
Mais là aussi se pose d’emblée des questions majeures. Quelle Union européenne défendre ? Pour quel projet ? Bref, une Union Européenne pour quoi faire demain ? L’union européenne se vide, peu à peu, à chaque crise et à chaque inefficience, de sa substance… L’union européenne se satisfait de peu… de bien peu… de trop peu demain face aux peuples car elle ne construit rien et n’offre aucune perspective que celle de se survivre à elle-même. En ce sens, il est urgent de proposer Politiquement une modification du cadre de référence européen.
L’urgence est là, en Europe comme ailleurs. La dette est partout… 2 600 milliards d’euros de dettes en France pour 2 000 milliards d’euros de dépôts et 2 milliards d’euros de garantie de dépôts…15 000 milliards d’euros de dettes au Japon pour 8 000 milliards d’euros de dépôts…. 260 milliards d’euros de dettes au Portugal pour 160 milliards d’euros de dépôts. Ne nous voilons pas la face, ne masquons pas la réalité : il y aura défaut de paiement !

Vers la désagrégation…sociétale et géopolitique


Moscovici annonce que la France et l’UE sont proches d’une solution concernant la dette grecque… Pire encore était la déclaration de FH annonçant que la crise était derrière nous… Il en sera de fait ainsi au niveau des décisions politiques, dans une course en avant… mais la réalité économique et financière sera tout autre. L’Allemagne fait actuellement tout pour « sortir » de la zone euro… sans jamais le dire. L’euro mourra de la part de la volonté des pays du Nord de l’Union, pas des pays du Sud. Cela semble nécessiter un point sur la situation économique internationale.
La Grèce va faire défaut et ce malgré le nouveau plan d’aide de l’UE. Avec ce plan, la dette grecque atteindra 331 milliards d’euros et représentera 168% du PIB grec. Pour rembourser sa dette, la Grèce aurait besoin d’un excédent budgétaire de + 8% /an. Or, son PIB est en baisse de – 8,5%. Il faudrait donc 16,5% d’excédent budgétaire pour rembourser la dette !!! Il est donc illusoire d’envisager le remboursement de la dette grecque, comme d’espérer un repli à 120% du PIB d’ici 2022. Un défaut partiel de la Grèce (50%) contraindra le budget français à hauteur de 32 milliards. Pour la Grèce la solution passe par trois étapes : sortir de la zone euro ; dévaluation massive des actifs grecs ; investissements tout aussi massifs des autres pays européens en Grèce.
La seule certitude est qu’il n’existe pas de solution de moindre mal.
L’Euro ne peut survivre qu’à la condition expresse d’organiser de gigantesques et massifs transferts de capitaux entre le Nord et le Sud de l’Europe… Le défaut grec risque d’entrainer celui de la BCE (détenant plus de 200 Mds d’euros de dettes grecques). S’imaginer que les taux négatifs favorisent la croissance est une irréalité économique. En fait, depuis les années 70, nous vivons dans un monde de prix faussé. Le défaut grec n’engendrera qu’une course au défaut. Le pire de la crise est à venir. La France va connaitre une récession, forte, brutale et qui durera plusieurs années.
Le Japon a lancé dernièrement un nouveau QE (le neuvième…) devant lui permettre d’accroitre son volume d’achats massifs. Au-delà des élections législatives anticipées dont l’issue économique sera de voter de nouvelles liquidités, le risque de défaut de ce pays est désormais réel… La cessation de paiement interviendra. C’est désormais acquis. Mais pas immédiatement. Les premiers signes inquiétants seront lorsque le Japon (du fait de sa démographie) sera contraint de s’endetter à l’extérieur. Par ailleurs, la production japonaise (malgré ces 9 QE) est en repli de – 4,1% ! Les QE ne fonctionnent pas. Le Japon en est l’exemple. Logique, puisque nous ne cessons de confondre crise de solvabilité et crise de liquidités !
Aux Etats-Unis, nous assistons à une baisse significative du taux d’épargne (de 4,4% à 3,3%). Ce qui indique que les ménages américains continuent de s’endetter pour consommer alors même que les salaires baissent. Le modèle américain reposant sur la consommation, le système va s’effondrer… Au niveau de la croissance économique, les Etats-Unis se situent à 2%. Si nous ôtons les 0,7% de croissance gouvernementaux (issu des QE), la croissance américaine chute à 1,3% et ce chiffre sera prochainement (et officiellement) revu à la baisse. Et lorsque les taux d’intérêts américains augmenteront, ils impliqueront en hausse les taux d’intérêts Français par manque d’attraits des OAT. De fait, les Etats-Unis connaissent (et vont continuer de connaître) une crise sans précédent, tout particulièrement au niveau social. Développement d’une bulle des crédits étudiants, fracture sociale, fracture ethnique entre les blancs et les minorités, demande de sécession de la part d’individus, Blocage politique entre républicains et démocrates ; falaise de la dette et fiscal cliff (plafond fiscal à renégocier). Quant à la dette, elle atteint aujourd’hui le pourcentage de 150 % du PIB (dette de l’Etat fédéral + dettes des états + garanties bancaires)… Par ailleurs, l’inflation est de 2% tandis que les salaires progressent (officiellement de 1,1%) et les nouveaux emplois voient leurs rémunérations baisser…Nous assistons donc à une baisse massive des revenus des ménages américains. Certes, les résultats des entreprises américaines sont bons, mais essentiellement par hausse de la productivité, conduisant à une augmentation du chômage.
De ce fait, des dysfonctionnements majeurs sont à craindre aux Etats-Unis, y compris des affrontements violents et des tentations sécessionnistes…Et ce, avec en parallèle la recherche d’un homme providentiel, probablement militaire. Les risques géopolitiques sont eux aussi majeurs, de par l’absence de leader géopolitique et la volonté de « tester » les Etats-Unis dans différents endroits du monde par le biais de crises… Tandis que les Etats-Unis vont chercher, y compris par des moyens militaires, la sanctuarisation de l’Etat américain et de sa signature…
Aux Etats-Unis, comme en Europe, nous allons voir apparaître des menaces graves de désagrégation des sociétés…

Un moment de vérité


Tous les moteurs économiques s’éteignent les uns après les autres…le ralentissement économique est majeur : -21% en Europe, -14% en Chine; enfin -2,4% aux Etats-Unis…
Dans ce dernier pays, avec un taux de chômage de 7,8% de la population active cela semble aller mieux. En réalité, les chiffres de l’économie américaine sont faussés. Cet été, ce sont près de 600 000 personnes qui ont disparu des statistiques démographiques… et en septembre plus de 800 000… Si nous réintégrons ces personnes dans les statistiques, le taux de chômage monte à près de 15%… Si on y ajoute le temps partiel, on atteint les 20% … De même, il est paradoxal d’entendre les commentateurs nous indiquer une forte hausse de la construction immobilière, mais de constater à l’analyse des statistiques démographiques des personnes travaillant dans le domaine de la dite construction immobilière, qu’il y a stagnation… étrange incohérence… La croissance américaine est faible face à une nécessité (en principe) de réduire les dettes, et la volonté des ménages américains de se désendetter engendrant une forte compression de la demande. D’où une politique de forte création monétaire devant permettre une dépréciation monétaire… Les Etats-Unis fixent donc des priorités claires afin de faire face à ce ralentissement, et pour certains analystes, ce qu’ils nomment le déclin américain… Efforts importants pour améliorer la compétitivité économique, y compris par la baisse des coûts salariaux (les emplois créés sont rémunérés à la baisse, la pauvreté explose et la pauvreté se répand…1 enfant sur 5 est en situation de misère) ; recherche d’énergie à bas coûts ; la FED émet de la dette, la tire dans le temps afin au minimum de la déprécier, puis potentiellement pourrait viser le non remboursement par répudiation si la conjoncture géopolitique internationale lui permet… ; politique de plus en plus protectionniste et isolationniste (« arrêtons de sauver le monde »)…Cependant, d’ici 5 ans les Etats-Unis vont bénéficier dans l’industrie (lourde particulièrement) et dans la chimie d’un fort avantage comparatif par le biais des gaz de schistes…
En Chine, là encore la croissance est actuellement en réalité beaucoup plus faible qu’annoncée officiellement. Tous les indicateurs de croissance (production électrique, consommation d’énergie, transports de marchandises, …) démontrent que les chiffres de croissance du PIB sont faussés. Si la stagnation, voire la récession de différentes économies a une implication directe et indirecte sur l’économie chinoise, la Chine est surtout aujourd’hui confrontée à des problèmes structurels. Le modèle de croissance chinois (exportations massives de produits peu sophistiqués) est remis en cause ; la hausse des coûts salariaux en Chine depuis plusieurs années contraint cette dernière à délocaliser les sites de production, particulièrement en Afrique. Plus encore, la hausse des coûts salariaux a dégradé la compétitivité des entreprises chinoises et étrangères ; d’autant plus que les Chinois privilégient l’épargne et non la consommation de biens. En conséquence, le ralentissement puis la faiblesse de la croissance chinoise risque d’être durable. De ce fait aussi, le ralentissement attendu d’autres économies fortement liées (Australie, Japon, Brics, …), la baisse des prix des matières premières et la hausse des valeurs refuge… La conjonction de la hausse des coûts salariaux et de la perte de profitabilité des grandes entreprises va conduire à une diminution nette de l’emploi ainsi qu’au départ d’entreprises étrangères… et engendre trois interrogations majeures : d’où vont venir les futurs emplois chinois ? Quel modèle de croissance économique ? Quelles conséquences sociales et politiques ? En conclusion, les luttes politiques et les problématiques structurelles (taux d’épargne, typologie de la production manufacturière, absence de protection sociale, bulle immobilière, vieillissement démographique, écarts régionaux, hausse des salaires, revendications sociales, …) sont telles que la Chine va connaître de manière durable un affaiblissement de sa croissance économique, voire une récession ; engendrant une reconfiguration stratégique risquée…
Plus généralement en Asie, tandis que l’économie est moribonde au Japon (qui fera défaut), si quelques pays voient leur croissance continuer de croître (Thaïlande, Malaisie, Indonésie) du fait d’une forte demande intérieure, l’ensemble des pays de la zone connaissent une forte baisse de leur activité économique allant pour certains, déjà, jusqu’à une croissance négative (Taiwan)…
Au Proche et Moyen-Orient, crise financière, segmentation politique, mouvements sociaux mais plus encore situation géopolitique explosives… De nombreux pays ne possèdent plus de marges de manœuvres budgétaires. Les recettes fiscales diminuent notamment du fait des suites du Printemps arabe, des évolutions géopolitiques au levant et une dépendance trop importante au cours du pétrole (l’Iran a besoin d’un cours supérieur à 150 dollars / barils pour équilibrer son budget).
En Amérique Latine, après une période plutôt favorable en 2012 et début 2011, les différents pays connaissent en 2012 un fort ralentissement sans avoir engagé les réformes structurelles nécessaires. De ce fait, la croissance de la zone Amérique Latine sera faible.
Le ralentissement de la croissance mondiale est à la fois désormais général ; aucune zone économique n’y échappe ; et structurel : tous les modèles économiques et sociaux sont à réinventer, du modèle chinois au modèle américain, sans omettre celui de l’UE, ainsi que le fameux modèle social français.
Pour l’Union Européenne et en particulier pour l’ensemble de la zone euro, il y aura une forte récession en 2013…L’Espagne, l’Italie, mais aussi la Grèce, la France sont touchés. La France joue son avenir. Le chômage va croître de l’ordre de 50 000 personnes/mois soit d’ici décembre 2013 près de 700 000 chômeurs de plus. Nouvelle génération que celle dite boomerang, qui doit retourner vivre chez ses parents du fait de la situation économique, que ce soit en Espagne, Italie, Grèce, Portugal, mais aussi France et Etats-Unis… La crise n’est pas finie. Malheureusement, de nombreuses années difficiles sont devant nous… Nous allons assister à un approfondissement de la crise. Nous allons vers une récession grave car nous n’aurons pas de croissance. La croissance française ne sera pas de 0,8% en 2013. Vraisemblablement, nous pouvons estimer une croissance française de l’ordre de – 1% à -1,5%…. Nous allons donc assister à la poursuite des délocalisations des outils de production et désormais sièges sociaux ; à l’acquisition par des intérêts non européens d’entreprises européennes ; à une intensification de la fuite des capitaux et des cerveaux ; et donc à un affaiblissement encore plus conséquent du poids de l’UE et de la France dans le monde.
Comme nous l’indiquions dans un précédent billet, l’euro n’est pas sauvé. Il y a une incompréhension majeure de ce qui se déroule actuellement : l’ajustement économique de la zone euro se fait par appauvrissement alors qu’il y a absence de fédéralisme. La zone euro va vers la dissolution. La Grèce ne pourra pas rembourser. Le défaut approche, et l’effet boule de neige, conduisant à une course à la restructuration des dettes, voir à leurs répudiations… La dernière fois que la France a fait défaut, ce fut en 1787… entraînant impôts (sur la bourgeoisie), convocation d’Etats généraux (pour faire approuver ces impôts), puis…révolution…
De fait, nous assistons à l’échelle occidentale à un déclassement du monde salarial, phénomène qui va s’accélérant et dont la désindustrialisation est un symbole bien avant d’en être la cause. Deux niveaux de consommation apparaissent désormais : le low cost et le high level car la middle class n’existe plus, éradiquée par les politiques. Est-ce la fin de la consommation de masse ? En simultané, se produit un gigantesque transfert de richesses à l’échelle mondiale… Les fondamentaux économiques ne sont plus respectés. Le monde est sous perfusion, le liquide coule mais les prochaines poches sont vides même avec un QE3 illimité.
Ces situations économiques vont déclencher de forts mouvements sociaux, explosions sociales, émeutes, puis troubles politiques et en répercussions des transformations géopolitiques, car en parallèle un déclassement stratégique s’opère…Les Etats-Unis connaissent désormais le doute et la peur du déclin. L’apparition d’un important vote populiste (Tea Party) étant la conséquence d’une désindustrialisation dont les classes moyennes sont les premières victimes. Le sentiment de déclin, plus exactement de perte de terrain face à la Chine que d’aucuns décrivent devant les Etats-Unis dès 2017 nourrit une vision pessimiste… La puissance américaine ; comme celles des vieux pays du continent européen, est remise en cause tant au travers des symboles que dans la réalité géostratégique. Pour les Etats-Unis, se sont de véritables tests qui se déroulent actuellement à l’échelle planétaire (Proche et Moyen-Orient, Asie, …). Lorsque ces tests se clôtureront, ce sont non seulement les alliances mais aussi le cadre de régulation internationale qui sera remis en question. Brutalement. Le monde se prépare à des affrontements stratégiques, ce que réfute les pays du vieux monde, mais ce qu’attestent les ventes d’armes…

Les Etats ne remboursent jamais.


Les Etats ne remboursent jamais. Ils « roulent » leurs dettes y compris parfois jusqu’au défaut, soit par la croissance économique, soit par le biais de fuite devant la monnaie (hyper inflation). Ainsi à seule fin de rouler sa dette, la France aura besoin en 2013 de 300 milliards d’euros. Aujourd’hui, nous sommes, de fait, face à une crise systémique. Nous mesurons le vide politique. Les politiques semblent perdus dans l’abysse des dettes souveraines. Perdus et apeurés. Les médias ne cessent de rebondir sur ces craintes, tout en se posant en rempart de l’expertise…Les opinions publiques, européennes, sont elles aussi désemparées, face à cette brutale accélération de l’histoire. L’opinion publique n’a pas de but. Il n’y a pas, de vision politique. Dès lors, le défi politique actuel, est d’accrocher du positif à la fois sur la situation réelle du pays … tout le sens des propos de Cameron, de l’ancien slogan d’Obama…voire du rêve de la campagne de François Hollande…
Certes, la fin du triple A français par le biais d’une dégradation généralisée a enlevé le stress de la dégradation individualisé. Mais pas la réalité, car au risque de déplaire, il s’agit d’une erreur d’interprétation : les dettes souveraines ne sont pas la cause des problèmes actuels mais la conséquence.
Notre dette n’a servi qu’à permettre des transferts sociaux et aucunement la création d’actifs productifs. Les causes sont multiples et connues : périmètre de l’Etat trop large, coût du travail et absence de compétitivité globale, modèle social à la fois trop coûteux et inefficace… Notre modèle doit servir la compétitivité globale de notre pays comme la protection sociale de nos concitoyens. En est-il ainsi aujourd’hui ? A titre indicatif, les 25-55 ans représentent aujourd’hui 40 % de la population totale française, mais 80% des actifs. Il s’agit donc d’une base sociale démographique faible associée à une compétitivité individuelle extraordinaire… que le système social dans son entier réprime ensuite !
En réalité, protégés par l’euro, les européens (français comme les autres) ont consommé sous le crédit de l’Allemagne.
Oui, la Grèce va faire faux bond. Le terme est pudique, car, au-delà des mots, la Grèce a déjà fait défaut. Au niveau politique, les résultats des élections de ce dernier week-end aggravent la situation car les politiques grecs « gagnants » (néo-nazis et extrême gauche) ne veulent tout simplement pas assumer la responsabilité politique gouvernementale de leur victoire. La Grèce est entrée en tensions…Les marchés financiers suivent…Leurs relations sont elles aussi en trans-tensions…
L’idéal grec pourrait-il être de quitter la zone euro, un retour à la drachme avec une dévaluation supérieure à 50% et donc, immédiatement, de facto, l’impossibilité de rembourser 100% de la dette… Qu’en serait-il alors ? Cessation de paiement, dépréciation des devises redevenues nationales, mais pour instaurer un gain massif de compétitivité, il conviendra aussi d’y associer dépréciation réelle des prix et des salaires (de l’ordre de 30%)… Un modèle à suivre pour d’autres pays ? les conséquences sociales, politiques, géopolitiques sont immédiatement titanesques…
Oui, il convient de « restructurer » les dettes et d’anticiper un retour de l’inflation car les politiques savent qu’ils ne peuvent faire acter à leurs opinions publiques l’enjeu des pertes issues des dettes…
L’avenir de l’Union européenne comme celui de l’euro ne se joue déjà plus sur la Grèce…