Les arbres ne montent pas au ciel


Les derniers chiffres de l’économie américaine sont encore plus mauvais que les précédents. La production industrielle américaine est une nouvelle fois en baisse. Nous assistons au début d’une phase de début de récession (- 0,54), tandis que les investissements baissent depuis 6 mois et que les salaires et revenus personnels chutent. Les ventes en gros sont en baisse pour le huitième mois consécutif (ce qui explique en corollaire la hausse des stocks). Officiellement, le chiffre du PIB va être revu à la baisse, alors qu’il était de + 0,5% !
Plus encore, la Présidente de la FED semble ne plus comprendre : il y a seulement quinze jours, elle déclare qu’il n’existe aucune bulle…. Et la semaine dernière, Yelen nous déclare conjointement à Christine Lagarde qu’il existe une bulle des actions… (ce que nous décrivons depuis de nombreux mois). Bref, nous assistons de la part des responsables des banques centrales à une perte totale de compréhension et de contrôle… Et, cette bulle des actions se rapproche étrangement de celles de 1928…. Or, 1929 à suivi 1928…

Les chiffres chinois d’exportation officiellement publié montrent une baisse de 15%, les importations chutent de 12,3%. Le ralentissement de l’économie chinoise est beaucoup plus brutal que ce que les chiffres montrent engendrant une vraie préoccupation des autorités chinoises. La Chine est confrontée à une problématique majeure : elle fait face à une bulle de crédit gigantesque en parallèle d’un ralentissement de croissance extrêmement fort (7% de croissance officielle ; en réalité entre 2 et 3% !). La Chine est donc coincée entre un ralentissement économique important qui demanderait un élargissement du crédit et une baisse des taux, mais sa bulle de crédit exige une réduction de ses lignes de crédit.

La Chine s’éteint, le Brésil s’arrête, les émergents chutent les uns après les autres, le Japon poursuit sa (lente) agonie, les Etats-Unis ont fortement ralenti et se préparent à une récession, l’Union européenne se rattache aux prévisions de l’OCDE… Ainsi, ce que vit actuellement le Brésil était prévisible et son déroulement décrit par avance : hyperinflation, accident de croissance, crise brutale et sévère.

Il n’y a pas de reprise en Europe. Certes, la baisse temporaire du Pétrole conjuguée à celle de l’euro (parité euro/dollar) a procuré un « bol d’air » comptable sans augmentation des marges des entreprises. Plus encore, la baisse de prix de l’énergie a plus induit en réalité un déplacement de consommation et moins une augmentation de consommation. Nous assistons d’ailleurs au même phénomène en ce moment aux Etats-Unis.
En Espagne, le chômage repart à la hausse (27%) tandis que la croissance allemande elle-même s’essouffle. Les négociations en Grèce tournent à la « Comedia Del Arte ». Le Grexit ne fait plus peur car « intégré ». Mais, intégré psychologiquement car il ne faut pas confondre deux choses totalement différentes : s’attendre à la sortie de la Grèce de l’euro est différent de la « douleur » qui en résultera : nous ne maitrisons pas les conséquences financières ni les conséquences politiques intra-européenne, intra zone euro, mais aussi comme déjà souligné les conséquences géopolitiques. Les Grecs ne peuvent pas payer. Actons-le, mais préparons-le y compris en termes de conséquences… ce que nous aurions dû faire il y a plus de quatre ans déjà.
Il est à ce titre étonnant que le pouvoir grec issu des urnes n’ait pas été plus « brutal » que cela dans les négociations. Pour qu’un pays fasse défaut, il convient à ce dernier de ne plus avoir de déficit public (hors charges financières) et qu’il n’y ait plus de déficit courant, c’est-à-dire une balance commerciale équilibrée. Les Grecs n’en sont pas si éloignés. Les efforts ont été faits par les gouvernements précédents : les déficits publics hors charges financières sont globalement satisfaisant et la balance commerciale en partie équilibrée. Mais, le gouvernement grec n’a pas mis en place un contrôle des capitaux afin de restreindre la fuite de ces derniers ; 15 milliards de capitaux qui partent en un mois, c’est 7,5% du PIB de la Grèce qui quitte le pays.
Si, en janvier 2015, le gouvernement grec avait fait défaut et conjointement instauré un contrôle des capitaux, c’est 120% du PIB de dettes qui auraient disparu tandis que restaient 35% de dettes, détenues par des grecs… un défaut presque parfait !
Pourquoi ne l’ont-ils pas fait ? Et, pourquoi le feraient-ils maintenant ? Il convient donc d’être extrêmement prudent sur le sujet. Nous sommes dans une décision politique, ce qui signifie déjà en préambule que cette décision n’est ni automatique ni logique. Elle est binaire : oui versus non. Vous la prenez ou vous ne la prenez pas. Bref, dans ce deal, nous sommes en négociations de marchands de tapis…

Etonnante et paradoxale logique : les chiffres économiques sont mauvais mais les indices boursiers sont bons. Nous sommes, dans le gonflement d’une bulle (+ 27% en un trimestre) : le QE européen à un effet d’éviction, les capitaux se fixent en Europe (avec de plus la crainte sur les émergents). Plus encore, la politique monétaire européenne mise en place favorise la suppression de l’épargne et l’augmentation de la dette des Etats. Personne ne maîtrise la situation, tout le monde tente de repousser les problématiques et de gagner du temps…
Peu importe les fondamentaux, les éléments financiers sont là pour permettre aux marchés de monter et de se maintenir à des niveaux qui ne correspondent en rien à la réalité. Les gens achètent aujourd’hui en bourse un papier, dont la valeur boursière ne correspond en rien à la valeur réelle. Les marchés financiers sont actuellement guidés uniquement par les liquidités.
Nous n’avons jamais vu, historiquement parlant, de tels taux de marge sur les marchés financiers. Deux scénarii sont alors prévisibles d’ici la fin de l’année : soit une poursuite de la bulle puis une baisse continue par paliers ; soit (malheureusement le plus probable), un décrochage des marchés boursiers de l’ordre de 20% pour certains, plus certainement de l’ordre de 30 à 35% (avec pour effet, un « train » de faillite).

Qui va se substituer à moi pour assurer les risques ?


En France, les marges des entreprises ont peu de chance de s’améliorer, tandis que les investissements sont en panne faute à la pression fiscale, tandis que pour la grande majorité des citoyens la priorité n’est plus d’épargner ou d’investir mais d’échapper à l’impôt ! En parallèle les retraites des systèmes privés (AGIRC ARRCO sont discrètement pillées afin de renflouer les systèmes de retraite publics (IRCANTEC) permettant de sauvegarder les régimes spéciaux).

Nous n’avons plus d’argent donc nous le dépensons sans compter… Notre système économique fonctionne désormais sur la dette.

Le déficit continue de se creuser alors même que notre pays a subi un choc fiscal sans précédent (69 milliards d’euros de prélèvements supplémentaires depuis 2011). L’objectif du déficit budgétaire de 3.6% du PIB en 2014 et de 3% en 2015 ne sera pas tenu. A comparer avec la promesse de FH (comme de NS) d’atteindre celui des 3% dès 2013 ! Nous sommes non seulement hors-jeu mais aussi discrédités…

La France est désormais un partenaire « junior » pour l’Allemagne. Le triangle dominant est UK-ALL-IT chacun défendant ses intérêts. UK fait du chantage sur sa sortie. ALL domine économiquement. Renzi est le socialiste européen qui réussit (pour le moment). La France a le levier de l’international mais ne l’utilise pas ! Sauf peut-être pour faire diversion par rapport à la scène intérieure : intervention à venir en Irak pour « effacer » les affaires Thevenoud, le succès littéraire de la rentrée et le retour de NS. Nous ne faisons plus partie du triangle dominant. Or, les autres pays européens s’agrègent auprès des dominants (Pologne-Allemagne, Tusk-Merkel notamment).

 

En Europe, la production industrielle a progressé de 2.2% en juillet mais uniquement grâce à l’Allemagne (2.4%)… il est amère de constater que l’Euro est devenue un outil déflationniste : hier, l’ajustement se faisait par la valeur de la monnaie (déflation), aujourd’hui, l’ajustement se fait par les salaires ; la baisse des salaires renforce la compétitivité… Certes, c’est la politique qui fut conduite par l’Allemagne.

L’ensemble des politiques économiques mises en place dans les pays européens et visant à renforcer la compétitivité par ajustements salariaux a alors conduit à rompre un cycle potentiel de croissance et a abouti à une impasse économique et budgétaire prévisible (je n’ai de cesse de le dire depuis trois ans) et à amplifier la déflation.

La crise provient de surendettement et de sur liquidités. Les réponses actuelles sont mauvaises car reposants sur une mauvaise allocation de l’épargne.

La déflation est notre horizon. L’inflation est passée en zone euro de 1.3 à 0.3% en un an. Dans différents pays (du Sud), les prix baissent de manière importante (Grèce et Espagne notamment). Or, la déflation induit mécaniquement une spirale dangereuse : baisse de l’activité (notamment par report des dépenses), baisse de la croissance (déjà nulle), augmentation de la dette et du coût de la dette (Grèce : recul du PIB de 20% et hausse de 25% du poids de la dette). Pour le bien de l’Europe, il faut que l’Allemagne aille moins bien !

 

En Allemagne, les données sont impressionnantes : faible chômage, profitabilité des entreprises, diminution du déficit public, augmentation des exportations et donc de l’excédent extérieur, augmentation des revenus par tête et stabilisation des inégalités (qui ne sont pas plus importantes du reste de la zone euro). A terme le vieillissement démographique allemand va modifier ce constat et notamment sur deux points immédiats : le taux d’épargne des ménages et le potentiel de croissance (faible : 0.4%).

Plus encore, la faiblesse de l’Allemagne dans les nouvelles technologies du fait des investissements importants dans le niveau de gamme de sa production dégraderont son commerce extérieur et entraineront des pertes de parts de marché vis-à-vis de nouveaux concurrents émergents. Mais il s’agit d’un modèle économique non duplicable car reposant sur un fort excédent commercial alors même qu’il est structurellement impossible à tous les pays européens d’être simultanément dans la même position. L’Allemagne est un passager clandestin pour le reste des pays européens. Ses solutions ne sont pas transposables.

 

Au Portugal, l’Etat est en faillite mais personne ne veut le reconnaitre, lui permettant de s’endetter à nouveau pour renflouer une banque. Or, les banques européennes étaient définies par l’ensemble des politiques européens comme saines et le système monétaire européen comme sain et sauf… Notre modèle européen dérive : les contribuables deviennent les seuls responsables de tous…

 

Il est sidérant de voir des responsables politiques dénoncer les risques de déflation tout en menant des politiques économiques déflationnistes. Pire, ces mêmes responsables réclament aujourd’hui des mesures d’assouplissement monétaire de la part de la BCE ; une drogue apaisante ; sans mesurer (ou vouloir mesurer) les conséquences de ces mesures ni même les travers du système monétaire mis en place. Mario Draghi est parfait dans son rôle mais n’a pas les moyens de transmettre des impacts dans l’économie réelle.

Les politiques d’assouplissement monétaire (en réalité, des politiques d’impression monétaire) ont partout échoués. Même la FED le reconnaît dans son rapport publié début septembre.

 

Au Japon, les revenus continuent de diminuer (c’est une constante économique japonaise depuis plus d’une décennie).

Le cas japonais est exemplaire à plusieurs titres car il est aussi structurel tandis qu’en face les responsables politiques ne cessent de pratiquer la même politique économique (nous en sommes à la 9ème politique d’impression monétaire) avec un leitmotiv : « cela ne marche pas mais cela finira par marcher » !

La Banque centrale japonaise ne peut plus désormais financer le déficit japonais car l’épargne japonaise est devenue insuffisante tandis que les investisseurs étrangers refusent de prêter au Japon (endettement à hauteur de 240 % de PIB). Donc, pour faire face, le Japon imprime des billets. Et certains en France et en Europe nous parlent de « modèle japonais » en nous exhortant à suivre sa politique.

Comprenons bien, la politique monétaire japonaise n’est pas une politique choisie mais une politique subie. A défaut le Japon sera en faillite car ne pouvant financer son déficit public. Le Japon est entré dans un cycle d’effondrement de la devise et d’hyperinflation violente avec pour conséquence à terme la cessation de paiement. Or, le Japon est la 3ème économie mondiale. Les conséquences économiques seront majeures.

 

Aux Etats-Unis, pas de croissance des revenus mais une reprise du crédit. De là, l’actuel reprise de croissance économique (1 à 1.8%), mais avec un nouveau problème de « qualité » du crédit, d’autant plus qu’un crédit est une dette soit pour investir soit pour consommer…. La bulle des crédits étudiants (student loans) risque d’éclater du fait de leur fort caractère subprime ; les actifs des entreprises sont nettement surévaluer (multiple supérieur à celui de 2007 et identique à celui d’octobre 1929 !) ; l’effet richesse ne cesse d’augmenter (l’enrichissement des ménages les plus riches impactes positivement la croissance, mais toute correction boursière entrainerait mécaniquement une récession).

La balance des exportations hors commerce extérieur se creuse. Certes les stocks ont baissé et réalisent à eux seuls pour près de 1.5% de croissance. Le déficit budgétaire américain ne se résorbe pas : de septembre 2013 à septembre 2014, 1 000 milliards de dettes supplémentaires aux Etats-Unis.

Plus encore, avec une croissance de 1.8% pour 2014, cela équivaut à 900 milliards de dollars de croissance de PIB pour une injection de 5 000 milliards de dollars dans leur économie. Ce qui signifie que pour 5 dollars de dettes, il y a 1 dollar de PIB !

Pire, là aussi les inégalités se creusent comme l’a démontré Thomas Piketty puis la FED. Si la crise financière avait permis une légère contraction des inégalités, ces dernières ont augmentés depuis 2010 : la part des richesses détenues par les 3% des américains est passée de 51.8% à 54.4% entre 2007 et 2013 (+2.6), tandis que celle de 90% des américains est passée de 33.2% en 1989 à 24.7% en 2013 (- 8.5) !

La macro économie n’est que l’agrégation des comportements économiques micro, c’est-à-dire individuel… On voit partout les revenus baissés et un chômage de masse atteignant des proportions hallucinantes et certains espèrent une croissance forte…. Tandis que certains interprètent les paroles de Yelen ou de Draghi, ou la parité euro-dollar, comme hier on interprétait les astres…. Certes, les économistes ont été inventés pour que les astrologues aient l’air sérieux, mais restons sérieux et constatons surtout le manque de conviction de tous les acteurs économiques et la recherche effrénée de justifications.

En réalité, depuis les années 80 en France et au Japon ; les années 90 aux Etats-Unis et en Europe, les années 2000 en Chine ; le dynamisme économique s’est fortement érodé. Refusant ce constat pour des raisons diverses (et radicalement différentes selon les zones), les responsables politiques ont décidé de stimuler l’économie de manière artificielle (politique de taux d’intérêt bas et politique d’assouplissement monétaire).

Du refus de ce constat, nombres d’erreurs ont été réalisées et notamment celle de la croyance en un redémarrage économique facile. Nous naviguons à vue…. Personne ne veut prendre la mesure du phénomène en cours depuis plus de 20 ans dans le monde….

Mais plus encore que le refus du constat, personne n’a voulu affronter la double origine de cet affaiblissement : le privilège commercial accordé en 2000 à la Chine par son entrée dans l’OMC et le vieillissement démographique de nos populations. Une population vieillissante réclame une monnaie forte afin de lutter contre l’inflation (l’inflation diminue les rentes). Lorsqu’une population vieillit démographiquement, elle devient rentière (par diminution du nombre de « producteurs ») et préfère détruire sa compétitivité (y compris à l’export) au profit du maintien de sa rente. De ce fait, il est sidérant de voir le gouvernement français s’attaquer à la seule politique française efficace que constitue notre politique familiale !!

Ce que nous observons actuellement dans le monde entier (stagnation-baisse des salaires, montée des inégalités, augmentation du capital) traduit un dysfonctionnement du système politique qui ne parvient plus à rendre les « marchés » concurrentiels encourageant les dysfonctionnements.

 

Qui va se substituer à moi pour assurer les risques ?

 

L’Histoire d’un géant…


Cela pourrait être l’histoire d’un industriel, d’un géant déchu dont les réalisations passées ne suffisent plus à lui assurer un avenir. Cela pourrait être aussi l’histoire d’un pays, l’histoire d’une nation en déclin, dont la grandeur passée ne suffit plus à lui assurer sa place dans le monde en devenir…
Ce sujet ne saurait être une surprise pour le gouvernement. Le sujet était parfaitement connu depuis plusieurs mois, notamment suite à la dernière publication des comptes d’Alstom, il y avait une baisse de CA de 22% et un cash-flow négatif (de l’ordre de 500 millions). Le gouvernement s’affole et gesticule démontrant avant tout la perte de capacité du politique.
La problématique n’est pas tant de savoir si GE ou Siemens doit être le repreneur, mais quel est le projet industriel ? Nous allons vers un démantèlement (élimination d’un concurrent pour Siemens, et pour GE une récupération de compétences par découpage / dépeçage) avec pour Bouygues du cash (logique) au regard de son portage actionnarial.
Les investisseurs sont dans une logique de fusion-acquisition leur permettant de créer de la valeur (boursière) via le biais de consolidation industrielle parfaitement anticipable : les entreprises gagnent de la valeur/argent sur de la croissance organique dans une économie en expansion, mais dans une économie en stagnation vous rachetez des parts de marché (ce qui explique que dans les dernières années nombres de sociétés se sont focalisés sur le développement de leurs trésoreries afin de pouvoir acheter des « proies » par absence de relais de croissance organique). Certains voient dans ces rachats un signe positif sur la situation économique européenne ou l’attractivité de la France… A mon sens, aucun signe positif y compris en termes macro-économiques mais réaffirmation d’une fin de cycle économique.
Nous allons entrer en fin de cycle économique. La multiplication des fusions-acquisitions n’est jamais bon signe (à terme) pour les marchés financiers (2000 ou 2007 pour les derniers épisodes). Par ailleurs, la plupart de ces fusions-acquisitions sont des échecs opérationnels (absence de réelle synergie et recherche de parts de marchés)… mais pas en termes de création de valeur financière (démantèlement ou dépeçage des entreprises).
Au niveau des entreprises, les fusions-acquisitions vont se poursuivre du simple fait que les liquidités sont abondantes, que leurs détenteurs sont à la recherche de moyens d’allocations faciles sans réflexion d’ensemble, et que les entreprises comme dit, dans une période de stagnation cherchent de la croissance externe par acquisition de parts de marchés…
Au niveau boursier : la capitalisation boursière des entreprises européennes, asiatiques et plus encore américaines, sont surévaluées de l’ordre de 20 à 40%. Nous sommes dans une bulle de liquidités. Et les bulles ne se dégonflent pas. Elles explosent… et lorsqu’elles explosent la crise des capitaux est là. Rassurons-nous, les médias parleront d’une simple « correction » boursière, largement attendue…. Rappelons un fait qui me semble important mais souvent mésestimé : les marchés financiers sont des lieux où l’on échange, non des biens, mais des anticipations… rien d’autre. (En ce sens les derniers propos de Yellen sont foncièrement inquiétants).
Au niveau financier, la non régulation va entraîner une nouvelle crise systémique par effondrement du marché des capitaux… il conviendrait de démanteler les banques dites systémiques dont la faillite pourrait être absorbée par les marchés. Pour rappel, la société générale a (fin 2013) des engagements à hauteur de 48 000 milliards de dollars…A-t-elle les fond propres en face ? Pour rappel encore, les fluctuations de l’indice Dow Jones de plus de 400 points à la hausse puis à la baisse en une seule journée (1000 points d’écart le 06 mai 2010)…s’agit-il d’évolution logique, rationnelle ? Pour rappel encore toujours, plus de 60% des opérations boursières sont le fait aujourd’hui de « trading algorithmique »… Pour rappel toujours, la somme mondiale des actifs financiers est aujourd’hui de 160 trillions de dollars. Là encore, y-a-t-il une réalité matérielle en face ? ou du vent que l’on brasse et rebrasse ?
Ne nous trompons pas, la finance est au cœur des affrontements à venir dans l’apparition d’un nouvel ordre (cf déclaration de Poutine, cf achat massif d’or par la Chine, cf multiplication des accords monétaires bilatéraux, …)
Au niveau industriel, les différents gouvernements n’ont eu de cesse depuis des décennies de définir un environnement économique défavorable, de confisquer la liberté de gestion et de faire dépendre nombres d’industries de l’Etat tandis que ce dernier appuyé par les syndicats favorisait le refus d’adaptation… tandis que le patronat français se pensent comme propriétaire des entreprises et des industries (cf Kron ou Lagardere…)… Nous n’avons que trop rarement constitué des rapports de forces mais exclusivement des rapports de faiblesse permettant aux Politiques de se présenter comme grand ordonnateur ou sauveur….
Au niveau économique, pas de retour de la croissance et pas d’amélioration profonde malgré les dires du ministre… Nous attendons une sortie de récession et un retour de croissance et elle n’est (toujours) pas là. Et, disons-le, elle ne sera pas là ! Aux Etats-Unis, en Europe, comme au Japon (et, là encore, je le redis une nouvelle fois, les abenomics ne marchent pas et ne marcheront pas !), les indices de vente à la consommation sont mauvais (y compris pour l’alimentation).
De ca fait, le problème est ailleurs : pourquoi nos entreprises (petites et grandes) ont disparu ou sont rachetées par des capitaux étrangers (textile, habillement, métallurgie, aluminium, automobile, agroalimentaire, …). Ont-elles toutes faites des erreurs de stratégies ? Etaient-elles toutes mal gérées ? Ou y-a-t-il plus réellement et prosaïquement un problème d’environnement économique (charges excessives, réglementation, orientation de l’épargne pour les besoins de l’Etat et non pour ceux de l’économie, …) ? Les « mesurettes » de servent pas à grand-chose comme d’ailleurs le plan de 50 milliards… Pas de baisse du chômage non plus car nous ne cherchons plus à produire de la richesse, mais juste à produire de la valeur… Les négociations concernant le Traité transatlantique en est le dernier exemple inquiétant…
La seule solution, à mes yeux, c’est de prendre ses pertes….
Pour conclure, dans son livre intitulé « Effondrement », Jared Diamond mentionne parmi les raisons pour lesquelles des civilisations anciennes meurent, l’incapacité de leurs élites à se représenter clairement le processus de bouleversement / d’effondrement en cours ou, si elles en ont pris conscience, leur incapacité à le prévenir en raison d’une attitude de défense « court-termiste » de leurs privilèges…
Mais, une autre lecture me semble possible : les acteurs économiques « testent » la France (l’exécutif français) à être en position / posture de prendre des décisions fortes sur des dossiers stratégiques. La réponse pourrait être simple : Alstom est stratégique pour la France, donc c’est moi l’Etat qui prend la décision et je prends celle de préserver ce cœur stratégique… L’enjeu est donc politique et concerne la crédibilité de notre exécutif. Sans réponse, nos autres fleurons économiques pourront devenir des proies en cas de difficultés.

Focus Japonais…


Le Japon en est à son QE 9…neuvième plan massif d’injection de liquidités… Et cela ne marche pas… La seule nouveauté du plan de Shinzo Abe est de se définir comme illimité… ce qui en soi constitue déjà une aberration…
Le Japon a 15 000 milliards de dettes pour 8 000 milliards de dépôts… Ce qui signifie que le Japon ne pourra pas rembourser sa dette…dette qui atteint déjà les 230% du PIB et atteindra en 2015 plus de 255% du PIB… Certes, sa dette est détenue à 95 % par les Japonais (individus, entreprises, institutions notamment bancaires) mais par la pression démographique la base sur laquelle la dette repose est en réduction massive… Le Japon fait face à un vieillissement démographique sans précédent couplé à un non renouvellement des générations… et la politique monétaire illimitée ne va faire qu’accroître les tensions entre les générations (les retraités ont besoin d’actifs ayant des rendements, les jeunes ont besoin de désendettement…).
Et ce alors que, pour simplifier, 70% de la dette nouvellement émise par l’Etat japonais est rachetée par la banque centrale japonaise…qui doit donc tenir mécaniquement le rendement obligataire… d’où un objectif d’inflation de 2%… Ces derniers jours, la BOJ (Banque Centrale Japonaise) a vu les rendements des obligations augmenté en quelques heures (0,6 puis 0,8 à 1,1%) ce qui a suffi pour affoler Haruhilo Kuroda (Gouverneur de la BOJ) y compris face à de possible carry trade (j’emprunte dans une monnaie au taux faible, le Yen par exemple, et j’achète dans une autre monnaie à plus haut rendement) …
Au Japon, cette politique commence à produire des effets négatifs sur la Bourse comme sur les importations /exportations….
Ces politiques monétaristes sont décrites comme non-conventionnelles…Depuis quelques jours des rapports officiels d’économistes, de financiers, les décrivent désormais comme, je cite « désespérées » (cf dernier rapport de Patrick Artus)… Dès lors, la seule issue pour le Japon est d’imprimer toujours plus de papier pour soutenir son marché obligataire (une bulle obligataire en réalité) et ce, sans pouvoir s’arrêter… Nous allons donc vers un krach obligataire…
Ces faits ont conduits au derniers propos du Ministre de l’économie japonaise… comme au dernier rapport du Ministère de l’économie sur les risques de bulle et d’implosion du système monétaire japonais… Pour rappel, j’évoquais dans ma dernière note d’analyse sur ce sujet je cite « un effondrement total de la monnaie japonaise est à prévoir »…
La Chine tente cette politique. Elle a ainsi injecté pour le seul premier trimestre une injection monétaire de 1 000 milliards de dollars soit 6,16 trillions de Yuans afin de faire repartir sa croissance économique… 1$ de crédit apportait 0,87$ de croissance en 2007 ; 0,27$ en 2012 et désormais seulement 0,17$ (soit donc pour 1$ de croissance l’injection de 6$ de crédit !)… Selon les analyses, y compris chinoises, je cite « la croissance chinoise qui ne répond plus au stimulus de crédit est porteuse d’une grave crise à venir »….

Un moment de vérité


Tous les moteurs économiques s’éteignent les uns après les autres…le ralentissement économique est majeur : -21% en Europe, -14% en Chine; enfin -2,4% aux Etats-Unis…
Dans ce dernier pays, avec un taux de chômage de 7,8% de la population active cela semble aller mieux. En réalité, les chiffres de l’économie américaine sont faussés. Cet été, ce sont près de 600 000 personnes qui ont disparu des statistiques démographiques… et en septembre plus de 800 000… Si nous réintégrons ces personnes dans les statistiques, le taux de chômage monte à près de 15%… Si on y ajoute le temps partiel, on atteint les 20% … De même, il est paradoxal d’entendre les commentateurs nous indiquer une forte hausse de la construction immobilière, mais de constater à l’analyse des statistiques démographiques des personnes travaillant dans le domaine de la dite construction immobilière, qu’il y a stagnation… étrange incohérence… La croissance américaine est faible face à une nécessité (en principe) de réduire les dettes, et la volonté des ménages américains de se désendetter engendrant une forte compression de la demande. D’où une politique de forte création monétaire devant permettre une dépréciation monétaire… Les Etats-Unis fixent donc des priorités claires afin de faire face à ce ralentissement, et pour certains analystes, ce qu’ils nomment le déclin américain… Efforts importants pour améliorer la compétitivité économique, y compris par la baisse des coûts salariaux (les emplois créés sont rémunérés à la baisse, la pauvreté explose et la pauvreté se répand…1 enfant sur 5 est en situation de misère) ; recherche d’énergie à bas coûts ; la FED émet de la dette, la tire dans le temps afin au minimum de la déprécier, puis potentiellement pourrait viser le non remboursement par répudiation si la conjoncture géopolitique internationale lui permet… ; politique de plus en plus protectionniste et isolationniste (« arrêtons de sauver le monde »)…Cependant, d’ici 5 ans les Etats-Unis vont bénéficier dans l’industrie (lourde particulièrement) et dans la chimie d’un fort avantage comparatif par le biais des gaz de schistes…
En Chine, là encore la croissance est actuellement en réalité beaucoup plus faible qu’annoncée officiellement. Tous les indicateurs de croissance (production électrique, consommation d’énergie, transports de marchandises, …) démontrent que les chiffres de croissance du PIB sont faussés. Si la stagnation, voire la récession de différentes économies a une implication directe et indirecte sur l’économie chinoise, la Chine est surtout aujourd’hui confrontée à des problèmes structurels. Le modèle de croissance chinois (exportations massives de produits peu sophistiqués) est remis en cause ; la hausse des coûts salariaux en Chine depuis plusieurs années contraint cette dernière à délocaliser les sites de production, particulièrement en Afrique. Plus encore, la hausse des coûts salariaux a dégradé la compétitivité des entreprises chinoises et étrangères ; d’autant plus que les Chinois privilégient l’épargne et non la consommation de biens. En conséquence, le ralentissement puis la faiblesse de la croissance chinoise risque d’être durable. De ce fait aussi, le ralentissement attendu d’autres économies fortement liées (Australie, Japon, Brics, …), la baisse des prix des matières premières et la hausse des valeurs refuge… La conjonction de la hausse des coûts salariaux et de la perte de profitabilité des grandes entreprises va conduire à une diminution nette de l’emploi ainsi qu’au départ d’entreprises étrangères… et engendre trois interrogations majeures : d’où vont venir les futurs emplois chinois ? Quel modèle de croissance économique ? Quelles conséquences sociales et politiques ? En conclusion, les luttes politiques et les problématiques structurelles (taux d’épargne, typologie de la production manufacturière, absence de protection sociale, bulle immobilière, vieillissement démographique, écarts régionaux, hausse des salaires, revendications sociales, …) sont telles que la Chine va connaître de manière durable un affaiblissement de sa croissance économique, voire une récession ; engendrant une reconfiguration stratégique risquée…
Plus généralement en Asie, tandis que l’économie est moribonde au Japon (qui fera défaut), si quelques pays voient leur croissance continuer de croître (Thaïlande, Malaisie, Indonésie) du fait d’une forte demande intérieure, l’ensemble des pays de la zone connaissent une forte baisse de leur activité économique allant pour certains, déjà, jusqu’à une croissance négative (Taiwan)…
Au Proche et Moyen-Orient, crise financière, segmentation politique, mouvements sociaux mais plus encore situation géopolitique explosives… De nombreux pays ne possèdent plus de marges de manœuvres budgétaires. Les recettes fiscales diminuent notamment du fait des suites du Printemps arabe, des évolutions géopolitiques au levant et une dépendance trop importante au cours du pétrole (l’Iran a besoin d’un cours supérieur à 150 dollars / barils pour équilibrer son budget).
En Amérique Latine, après une période plutôt favorable en 2012 et début 2011, les différents pays connaissent en 2012 un fort ralentissement sans avoir engagé les réformes structurelles nécessaires. De ce fait, la croissance de la zone Amérique Latine sera faible.
Le ralentissement de la croissance mondiale est à la fois désormais général ; aucune zone économique n’y échappe ; et structurel : tous les modèles économiques et sociaux sont à réinventer, du modèle chinois au modèle américain, sans omettre celui de l’UE, ainsi que le fameux modèle social français.
Pour l’Union Européenne et en particulier pour l’ensemble de la zone euro, il y aura une forte récession en 2013…L’Espagne, l’Italie, mais aussi la Grèce, la France sont touchés. La France joue son avenir. Le chômage va croître de l’ordre de 50 000 personnes/mois soit d’ici décembre 2013 près de 700 000 chômeurs de plus. Nouvelle génération que celle dite boomerang, qui doit retourner vivre chez ses parents du fait de la situation économique, que ce soit en Espagne, Italie, Grèce, Portugal, mais aussi France et Etats-Unis… La crise n’est pas finie. Malheureusement, de nombreuses années difficiles sont devant nous… Nous allons assister à un approfondissement de la crise. Nous allons vers une récession grave car nous n’aurons pas de croissance. La croissance française ne sera pas de 0,8% en 2013. Vraisemblablement, nous pouvons estimer une croissance française de l’ordre de – 1% à -1,5%…. Nous allons donc assister à la poursuite des délocalisations des outils de production et désormais sièges sociaux ; à l’acquisition par des intérêts non européens d’entreprises européennes ; à une intensification de la fuite des capitaux et des cerveaux ; et donc à un affaiblissement encore plus conséquent du poids de l’UE et de la France dans le monde.
Comme nous l’indiquions dans un précédent billet, l’euro n’est pas sauvé. Il y a une incompréhension majeure de ce qui se déroule actuellement : l’ajustement économique de la zone euro se fait par appauvrissement alors qu’il y a absence de fédéralisme. La zone euro va vers la dissolution. La Grèce ne pourra pas rembourser. Le défaut approche, et l’effet boule de neige, conduisant à une course à la restructuration des dettes, voir à leurs répudiations… La dernière fois que la France a fait défaut, ce fut en 1787… entraînant impôts (sur la bourgeoisie), convocation d’Etats généraux (pour faire approuver ces impôts), puis…révolution…
De fait, nous assistons à l’échelle occidentale à un déclassement du monde salarial, phénomène qui va s’accélérant et dont la désindustrialisation est un symbole bien avant d’en être la cause. Deux niveaux de consommation apparaissent désormais : le low cost et le high level car la middle class n’existe plus, éradiquée par les politiques. Est-ce la fin de la consommation de masse ? En simultané, se produit un gigantesque transfert de richesses à l’échelle mondiale… Les fondamentaux économiques ne sont plus respectés. Le monde est sous perfusion, le liquide coule mais les prochaines poches sont vides même avec un QE3 illimité.
Ces situations économiques vont déclencher de forts mouvements sociaux, explosions sociales, émeutes, puis troubles politiques et en répercussions des transformations géopolitiques, car en parallèle un déclassement stratégique s’opère…Les Etats-Unis connaissent désormais le doute et la peur du déclin. L’apparition d’un important vote populiste (Tea Party) étant la conséquence d’une désindustrialisation dont les classes moyennes sont les premières victimes. Le sentiment de déclin, plus exactement de perte de terrain face à la Chine que d’aucuns décrivent devant les Etats-Unis dès 2017 nourrit une vision pessimiste… La puissance américaine ; comme celles des vieux pays du continent européen, est remise en cause tant au travers des symboles que dans la réalité géostratégique. Pour les Etats-Unis, se sont de véritables tests qui se déroulent actuellement à l’échelle planétaire (Proche et Moyen-Orient, Asie, …). Lorsque ces tests se clôtureront, ce sont non seulement les alliances mais aussi le cadre de régulation internationale qui sera remis en question. Brutalement. Le monde se prépare à des affrontements stratégiques, ce que réfute les pays du vieux monde, mais ce qu’attestent les ventes d’armes…

Budget, Traité et… rien !


A l’heure du débat budgétaire français et de celui concernant le Traité budgétaire européen, quelques éléments de réflexion…
Au niveau mondial : nous assistons à une inflation diffuse de 5% au niveau mondial. Cette inflation va-t-elle rester centrée sur les pays émergents où va-t-elle retrouver les accents de la boucle prix/salaires ? La croissance américaine sera de l’ordre de 2% cette année tandis que nous assistons à un effondrement de la croissance potentielle (moins de 1,5%). Mais, la politique monétaire américaine masque la réalité économique : celle de l’absence d’investissements et d’absence d’innovation. Les Brics ne sont pas en reste, de la Chine à l’Inde, du Brésil à la Russie… Bref, une crise mondiale qui n’est pas conjoncturelle mais structurelle !
Au niveau français : les hypothèses économiques de croissance qui sous-tendent le budget ne seront pas tenues alors même que nous sommes en décroissance (le PIB marchand décroît) et que le rendement de l’impôt sera inférieur en plus d’être confiscatoire. Au-delà, le gouvernement annonce 10 milliards d’économies. En réalité 10 milliards d’érosion des dépenses par rapport à leurs tendances d’origine…
C’est un budget politique par un signal donné aux marchés via les 3% mais qui refuse de comprendre que les 3% sont un symptôme de la crise, et non un objectif… Budget de court terme qui se préoccupe d’abord de satisfaire les besoins de l’Etat et non les entreprises créatrices de richesses et d’emploi…alors même qu’il conviendrait de se focaliser sur la création de richesses et d’emploi…Il n’est de richesse que d’hommes…. Comment investir dans un pays qui privilégie les toiles de maîtres et non les entreprises ? Le gouvernement confond le dogme avec le réalisme économique. Il est dramatique que le gouvernement ne puisse comprendre que de bons salaires dépendant d’abord d’un fort capital…bref, c’est un budget d’apparence, un budget de dupe. Il sera voté mais ne sera pas suivi… Car il lui manque l’essentiel, à savoir une stratégie de sortie de crise.
De cela rien…

Faux débats, vrais sujets…


Notre modèle de vie, ce que nombres de commentateurs nomment modèle de société n’est pas compatible avec d’autres modèles dans une même zone… De ce constat simple découle une cruelle vérité : pourquoi une union monétaire et une mutualisation des dettes ? La France vit dans une bulle confortable : pas de véritable baisse du pouvoir d’achat, retraites préservées, aides sociales, santé, …les Français n’ont pas le sentiment d’une crise catastrophique. Ont-ils conscience des ajustements nécessaires, des décrochages économiques, mais aussi du probable défaut de certains organismes financiers européens ? La France doit profiter – rapidement – du reste de crédit que les marchés financiers lui accordent pour prendre les mesures qui s’imposent…
Or, la France veut régler les problèmes de la zone euro avec le crédit de l’Allemagne, ce que, bien évidemment, les Allemands ne veulent pas… Mais, lorsque Merckel prend Cameron à témoin, il ne s’agit pas d’un changement d’alliance ni de la fin du couple Franco-allemand… Elle ne fait qu’indiquer à François Hollande qu’elle peut, elle aussi, modifier la donne. En réalité, la France et l’Allemagne sont indissociables dans le rétablissement de la confiance à l’échelle européenne, alors même que le périmètre de la zone euro va être repensé… Crise des subprimes, crise financière, crise des dettes souveraines, crise de la disparité de la zone euro…nous sommes entrés désormais dans une crise de l’euro… L’implosion de la zone euro viendra (ou pas) de l’implosion du système bancaire…
Différents pays du sud tentent de faire chanter l’Allemagne au risque de faire imploser / exploser l’ensemble du système européen. En Europe, l’Espagne est en ligne de mire, l’Italie sera prochainement attaquée, alors que l’Allemagne va connaître à son tour une pression bancaire et que la France constitue autant le maillon faible que le pays pivot. Nous pouvons anticiper que l’Allemagne sera mise en difficulté à l’automne ; la France avant…
Nous devons regarder la réalité, y compris lorsqu’elle est désagréable…. Le rapport de forces entre européens se tend tandis que le consensus politique disparaît… L’une des questions fondamentales qui se pose aujourd’hui concerne la capacité des sociétés européennes à supporter un certain nombre de tensions… L’union européenne est dans un processus régressif… La liberté est fragile : les quatre libertés du marché unique (biens, personnes, capitaux, services) mais plus encore les libertés fondamentales… L’union européenne peut-elle sombrer ?
Le vote grec sera donc déterminant. Attention toutefois là à ne pas confondre rationalité et épreuve des faits. Il n’est pas rationnel d’imaginer que la Grèce quitte la zone euro ; cela ne signifie pour autant pas que cette sortie n’aura pas lieu… Et le cas ne sera pas isolé ; réaction en chaîne de défauts souverains de la Grèce à l’Espagne, de l’Italie au Portugal et à la France…de l’Europe à l’Amérique, mais aussi à l’Asie…
Parallèlement nous assistons à la fin de l’ère dollar (que Hong-Kong anticipe aussi). La puissance américaine, à l’instar de celles des pays composant la vieille Europe ; à défaut de redressement ; repose sur des bases déclinantes. Si la Russie se comporte relativement bien, les tendances à moyen terme sont elles aussi inquiétantes. La croissance ralentit en Asie et tout particulièrement en Chine. Comment interpréter la troisième baisse des réserves bancaires chinoises ? Sa production industrielle est, elle aussi, en forte diminution. Il en est de même en Inde. Au Brésil, la croissance ralentit aussi. Autant de zones économiques différentes dans lesquelles les modèles de croissance, sont, ou vont être, remis en cause…
Crise de modèles. Le monde ancien que nous avons créé est en train de disparaître. L’ancien monde meurt. Nouveaux modèles de croissance nécessaire mais aussi nouveaux modèles politiques. Le monde nouveau commence à naître… difficilement. Nous sommes au bout des solutions classiques. Il faut aller au-delà et aboutir. Les lames de fond sont là, autant de circonstances précipitant les rythmes politiques. Des secousses extrêmement importantes sont en cours. Il nous faut anticiper les difficultés à venir, alors que l’Union européenne réagit au jour le jour. Manque de vision stratégique de tous les responsables politiques et absence de gouvernance. Il ne faut plus penser à court terme politique, mais à long terme stratégique…
Les déclarations actuelles de nombreux responsables politiques européens sont à très court terme ; à un horizon de fin juin… malheureusement s’ouvrira dès le 27 et 28 juin une nouvelle séquence européenne dans laquelle des gages devront être donnés. En Grèce et en Espagne actuellement, comme en France durant la campagne présidentielle, nous assistons à l’entretien méticuleux du mensonge et donc à un déni de la démocratie…. Le saut ou le sursaut ne sera possible que par volonté politique. Ces politiques d’hier qui ont infantilisé les peuples, les manipulant, courent la planète, criant et instrumentalisant les événements afin de favoriser résignation, fatalisme, apathie, et pour certains, anesthésie des opinions publiques… Ces mêmes responsables, dans une sorte de charlatanisme agité, s’offusquent de la montée du populisme (de quelque bord qu’ils soient) qui n’est qu’illusion de mots et d’annonces…
Comment faire parvenir aux différents peuples le discours de vérité ? Sommes-nous à ce point naïfs pour croire être seuls à connaître des problèmes structuraux ? Sommes-nous à ce point aveugles pour ne pas reconnaître que ces problèmes, nous en sommes les créateurs ? ? Avons-nous encore du respect, y compris et d’abord vis-à-vis de nous-mêmes ? Christine Lagarde n’a, ni commis d’impair, ni tenu des propos choquants ; même si nous ne devons pas comparer les misères et pauvretés. Ce qui est choquant, ce sont les réactions de responsables politiques ; y compris de certains ex-candidats à la Présidentielle Française… Le spectacle que l’Union européenne, France en tête, offre au monde est totalement indécent !