Nuancier gouvernemental


De retour de quelques jours de pérégrination, une brève analyse, pensée et partagée à distance avec un ami, de la composition gouvernementale française …
Première observation : se dégage une place de choix pour le non à Lisbonne ; y compris par la nomination de Laurent Fabius au Quai d’Orsay mais aussi de Bernard Cazeneuve aux Affaires Européennes, ce qui contraindra le Président à une argumentation politique ; mais une bonne place heureusement aux socio-démocrates. Second enseignement, il s’agit d’un gouvernement de parlementaires…sorte de retour à la IVème république, respectant toute la topographie électorale à la fois du PS et des alliés… un véritable nuancier de couleurs allant du rose au vert…
Parallèlement, François Hollande, dans la nomination de JM Ayrault (et non pas de M Aubry) semble vouloir indiquer qu’il ne dépend de personne, excepté peut-être de son lien (électif) avec les Français… Gouvernement électoral ensuite, le nombre de députés étant là pour le rappeler, y compris pour permettre à certains de se faire réélire… gouvernement de campagne électorale donc… Gouvernement intergénérationnel aussi, puisque pas moins de trois générations d’élus se côtoient ; même si la génération Jospin semble bien absente !
Autre enseignement, en listant les appellations ministérielles on peut regretter les gadgets et les terminologies non explicites, racoleuses et désuètes, à l’instar de celles du Redressement productif ou encore de celle de Réussite scolaire…. Mais au-delà des appellations folkloriques dignes des temps anciens d’Empire idéologique géographiquement proche, quels moyens et quelles mesures mises en œuvre pour atteindre ces buts ? Impression aussi que, depuis son investiture le nouveau Président, sans faire d’erreur (car tous les responsables politiques se contentent de suivre, reprenant un à un, ces items), va chercher l’état de grâce avec les dents, comme l’ancien avec la croissance…
Plus encore, face aux nominations, comment l’opinion publique peut-elle avoir une bonne opinion des politiques quand on se distribue des postes en faisant fi de la compétence, parfois de l’expérience au profit du système ? La leçon des « jupettes » n’a pas été retenue… Certains ministres ont obtenu leurs postes par positionnement politique, et non du fait de leurs compétences. Ainsi, l’un d’entre eux (et pas le moindre) a clairement montré durant la campagne ses faiblesses et son manque de solidité. Il obtient pour autant un ministère emblématique, d’autant plus en cette période. D’autres obtiennent des postes dont ils ne possèdent pas la compétence, alors mêmes qu’ils sont très compétents dans un autre domaine. Ainsi de Nicole Bricq dont les compétences en matière de finances ne sont plus à démontrer. Plus encore dans le périmètre de son poste, puisque non content de lui retirer certaines compétences nécessaires, elle se voit confier le nucléaire qui regroupe à la fois l’exploitation des centrales et la sécurité dans un mélange des genres peu souhaitable. Dernier « amusement », la répartition de certains postes ministériels : ainsi pour Arnaud Montebourg, le cambouis et les difficultés des plans sociaux ; à Cécile Duflot celles des négociations avec les élus locaux sur les transferts financiers entre communes… cadeaux empoisonnés ?
Enfin, une interrogation qui n’en est pas vraiment une, au regard des nominations de A Bauer ou encore de JC Mallet, y-aurait-il des réseaux dépassant les partis politiques ?